S'entraîner, y a que du bon à en récupérer ! (pv Orélia)

Invité

J'ai toujours un peu de mal à y croire, à y croire à ce bonheur que je peux enfin toucher du bout des doigts. J'ai enfin quitté ma 'malédiction d'initiée", ou de novice plus à proprement dit. Je ne suis plus novice, moi Lenia Séry, jeune fille humaine de quinze années d'existence, j'ai enfin atteint le rang de padawan ! Déjà que ce seul fait me fasse énormément plaisir et me rende plus joyeuse que de coutume, il y a une autre raison qui me pousse à me sentir aussi heureuse et comblée. Bien entendu, elle y est fortement liée, mais quand même ! Non seulement j'ai trouvé un Maître Jedi qui veuille bien de moi et s'essayer à améliorer mes compétences - et qui a sa petite réputation au Temple - mais surtout un Maitre qui semble me comprendre et surtout me rendre l'envie de travailler mes défauts et d'aiguiser mes quelques talents. S'il y a bien une chose que je puisse vous confirmer dans l'état actuel des choses, c'est de ne pas vous fier aux rumeurs ! Ces mauvaises paroles, souvent emplies d'un terrible venin cherchant à mordre leur victime dans le dos, déforment singulièrement la réalité de ce qu'est leur victime. J'ai un respect grandissant envers mon nouveau Maitre, bien que nous nous connaissons pas encore très bien. J'ai envie d'essayer de lui faire confiance, d'un jour pouvoir me remettre à lui en toute confiance. Je veux croire qu'il pourra un jour mettre en morceaux ma satanée méfiance innée envers les inconnus et le peuple du monde adulte. Maitre Greystone... la prochaine fois que j'entends des mauvaises langues prononcer des propos faussés et odieux envers vous, ces langues m'entendront à coup sûr ! Non seulement puisqu'il est mon Maître, mais aussi parce que j'ai été victime de rumeurs moi aussi, donc je comprends ce que cela fait dans les deux sens du terme. J'admire son calme face à ce genre d'attitudes mesquines et blasphématoire, un calme que je n'ai pas toujours au fond de moi, bien que je ne le montre pas de l'extérieur. J'espère quand même un jour que les gens pourront commencer à comprendre que véhiculer et écouter avec sérieux ce genre de bruits ne sert strictement à rien, sinon à vous réduire en vulgaire mouton incapable de penser et de vérifier la véracité d'une information par soi-même.

Il y en a qui ont été surpris d'apprendre que quelqu'un avait bien voulu de moi comme apprentie, comme padawan. Je n'en ai pas trop ressenti de fierté, plus du soulagement et une intense gratitude envers Maitre Greystone. Mais je ne reviendrais pas sur les promesses que je m'étais faites alors : je lui montrerai qu'il n'aura rien à regretter, je me démènerais pour progresser et lui être d'une réelle assistance si jamais il décide que je l'accompagne au cours d'une mission à risques, comme celles qu'il a souvent. Certains disent qu'il m'a prit juste parce qu'il a eut pitié de moi, mais je pense que ce sont des mauvaises langues doublés de mauvais personnages piégés dans la malice de la jalousie. Heureusement que la plupart ne pensent pas ainsi, heureusement qu'il y a des personnes comme Elora Yunstar, ma meilleure amie du Temple ! Que je n'ai pas croisée dernièrement, à mon grand regret. J'aimerais beaucoup lui reparler un de ces jours. Juste pour le plaisir de discuter et de partager, avec tout ce qu'il m'est advenu ces derniers jours ! Il faut dire que ma nomination comme padawan n'a enlevé en rien mon nombre de tâches à effectuer au quotidien, bien au contraire, je suis encore plus occupée ! Le niveau des cours a singulièrement évolué, et je dois travailler plus intensément encore, donc hélas passer moins de temps aux Archives que je ne le voudrais, surtout que maintenant une autre aile m'était enfin ouverte, et qui dit nouvelle aire dit nouveaux ouvrages à dévorer et parcourir ! Mais bon, il faut se fixer des priorités aussi. Les loisirs, et le travail. Deux sphères différentes qu'il me faut équilibrer soigneusement, à leur juste valeur.

Ainsi je travaille très sérieusement mon maniement de la Force, mais là encore cela ne me semble pas très compliqué, les exercices qu'ils nous donnent à faire. J'apprends beaucoup de nouvelles choses, mais je les retiens plutôt aisément en ce domaine. Les cours magistraux me demandent un peu plus d'efforts, mais quand on parle d'histoire de la galaxie, des civilisations et de diplomatie, et l'histoire des Jedi et des Sith, je suis très motivée ! Pour le reste, un peu moins, mais bon il faut bien le travailler quand même si je veux réussir et ne pas décevoir ce que pourrait attendre de ma part mon nouveau tuteur et instructeur.

Il me faut donc aussi travailler encore plus sérieusement mon gros point noir, mes capacités physiques, mon endurance toute relative, et ma force physique encore plus relative que le reste. Il faut donc que j'apprenne non seulement à ne plus faire que fuir, mais aussi prendre des initiatives et me renforcer. Que j'apprenne à gérer le caractère imprévisible des bons bretteurs de mon niveau, pour ne pas rester le vilain petit canard de ma promotion en escrime. Et même si Maitre Greystone n'est pas toujours présent - en général il est très présent pour surveiller mon évolution et me guider mais parfois ils ont besoin de lui pour des missions auxquelles je ne peux encore prétendre pouvoir me joindre pour l'y assister - je ne dois pas lésiner sur les efforts pour autant !

Ainsi, en ce début de semaine, je me suis levée de bonne heure - plus tôt que l'heure requise - pour avaler un petit déjeuner rapide mais efficace, me préparer et étudier deux bonnes heures aux Archives. Ensuite, j'ai été à la séance de méditation diurne - très relaxante et aisée à venir pour une fois - et j'ai suivi pendant le reste de la matinée des cours théoriques principalement, et mon préféré du maniement de la Force. Suivant la douce mélodie de ce train-train quotidien, j'ai eu mon déjeuner en milieu de journée, parlant quelque peu avec certains de mes camarades - mais je reste encore très timide et réservée, ne m'en demandez pas trop d'un seul coup ! - avant de gagner le cours suivant, encore un cours théorique, avant la succession très redoutée du duo "maléfique" de cours : exercices physiques et escrime. Toujours aussi ardus pour moi - si ce n'est plus - j'encaisse plus facilement les défaites inévitables, mais je prend ma "revanche" sur les drones avec d'autant plus d'ardeur à la tâche. Les padawans sont vraiment doués, tout autour de moi ! J'ai encore plus l'impression d'être en retard qu'avant ! Mais maintenant, j'ai un brin d'espoir de pouvoir m'améliorer un jour, sous l'oeil vigilant et justement sévère de mon nouveau Maître. J'accepte assez aisément la critique, quand elle est constructive et pouvant m'amener à des indices pour savoir comment m'améliorer. Sinon, non, désolée, cela ne passe pas . Je me bloque, je prends sur moi, je ne me fâche pas, mais cela ne passera pas avec de la brutalité tant verbale qu'une personnalité stricte basée sur le régime de la punition. Je ne suis l'esclave de personne, je juge que j'ai droit au minimum de respect que demande les règles d'une vie en société, même chez les Jedi.

Aujourd'hui n'est pas différent du reste, j'ai eu beaucoup, beaucoup de mal. Mais comme je déteste rester sur un échec, une fois la journée finie, j'ai pris mes cliques et mes claques, déterminée à faire des cours supplémentaires même si je dois les faire en solitaire. Il y a toujours des salles d'entraînement de libres, et je compte bien en gagner une, m'y exercer jusqu'à ce que je sois épuisée et au bord de ne plus pouvoir me mouvoir ou même me redresser. Je suis plutôt d'un caractère doux, tolérant et calme, mais je sais me montrer déterminée quand j'ai envie de faire quelque chose pour mon propre intérêt ou celui de mon entourage. En cet instant, progresser au sabre, ne serait-ce qu'un petit peu. Un petit peu serait déjà bien... Personne ou presque ne veut ferrailler avec moi, tant je ne suis pas très douée, souvent ils jugent cela comme non profitable pour eux, en dépit de mon style certes indéfini mais pas si répandu que cela et ayant toujours son petit lot de surprises ! J'aimerais bien pourtant au cours de ces sessions bonus avoir un adversaire en chair et en os moins prévisible que les drones, ce serait tellement mieux ! Et qui sait, peut-être pourrais-je sympathiser avec cette personne ? Attention, je n'ai pas dis devenir "amis-amis" au premier regard, mais au moins sympathiser, passer du neutre/méfiant au neutre/amical. Une salle libre se découvre devant moi, je l'ouvre. Par réflexe - de toute manière, quand les gens de mon rang voient que c'est moi, ils passent leur chemin tant je suis nulle à leurs yeux au sabre - je ne ferme pas la porte, je dépose mes affaires dans un coin avant de commencer laborieusement mon échauffement. Les katas viendraient ensuite, avant un petit duel contre des drones... ou quelqu'un peut-être ?

Invité

La Force était vraiment quelque chose de bizarre et d’incompréhensible. Si je croyais maintenant en la Force et sa façon d’influencer sur les choses beaucoup plus qu’autrefois, enfin il n’y a pas si longtemps restons relatifs, je me rendais compte que mon cheminement était étrange. Tueuse pour le compte d’une pègre arkanienne que dirigeait mon père, expérience de laboratoire, clonée, abandonnée, souffre-douleur, j’avais endossé bien des rôles et celui de Jedi était le dernier que je m’attendais à pouvoir un jour jouer. Il y avait eu un Jedi, tôt dans mon enfance, qui avait voulu m’emmener avec lui, qui avait voulu convaincre mon père, mais ce dernier avait refusé de me voir partir, il avait décidé d’un autre destin pour moi. Il voulait d’une bras droite totalement fidèle et dévouée, alors il a tout fait pour que toujours je cherche son admiration et son amour, pour que je le rende fière et son plan avait toujours brillé parfaitement. Entrainée par les meilleurs combattants au corps à corps et à diverses armes plus mortelles les unes que les autres, le corps à corps avait peu de secret pour moi, les armes blanches étaient un domaine où j’excellais. Sabre-laser à la main, ou encore avec mon bâton arkanien que j’aimais tant pour la façon dont je pouvais le tenir en son milieu, j’étais vraiment douée. Sur ce plan, sur celui du sabre-laser, je n’avais rien à envier aux autres padawans, c’était le domaine où je m’en sortais de loin le mieux, même s’il était évident que ma condition physique jouait énormément. J’étais musclée plus que la majorité des femmes Jedi, j’avais une endurance au-delà de la normale, et les expériences des scientifiques pour améliorer mes capités n’y étaient pas forcément étrangères. Je ne me vantais pas d’être une expérience de laboratoire ne vous y trompez pas, mais c’était simplement que j’en étais bien consciente. Une partie de ce qui faisait ma personne n’était pas totalement naturel, je ne le disais à personne, je craignais un peu le jugement même si finalement il était trop tard pour revenir en arrière. Alors j’essayais autant que possible d’aller de l’avant, de progresser et de devenir une Jedi aussi douée dans la Force que pour se battre. Enfin ne rêvons pas trop, le gouffre entre les deux était trop important, si seulement je pouvais être moins ridicule avec la Force, ça serait un début.

Hélas, si le Force avait décidé de me guider jusqu’à ici, elle semblait avoir décidé de prendre le parti de s’amuser avec moi, mes nerfs et mon ridicule. Je n’avais pas honte d’être ridicule mais il y avait tout de même des limites à ne pas dépasser et visiblement la Force semblait amusant de me faire passer pour une blague ambulante, tout ce que je pouvais entreprendre et qui nécessitait d’utiliser la Force finissait en fiasco à faire mourir de rire toutes les personnes présentes. Bien sûr je me souvenais ce qu’avait dit la Maître Jedi dans les jardins, certains sont faits pour briller dans la Force et d’autres au sabre-laser, mais pourtant en l’état des choses j’étais un tel boulet avec la Force que j’étais plus dangereuse pour les Jedi que pour un éventuel membre de l’Empire auquel je pourrai faire face ! Tenez par exemple l’entrainement de déviation de tirs, un truc classique et assez simple quand on maîtrise correctement la Force et bien non, même pas ça ! Je prenais de temps en temps assez de décharges pour réveiller un mort et quand je parvenais à dévier un tir, ce n’était que pour mieux l’envoyer sur mon malheureux voisin d’exercice. Ou alors comme ça m’était arrivé hier, de l’envoyer dans un petit extincteur qui m’avait joyeusement explosé à la figure pour mieux me couvrir de mousse. Quand je vous disais que dès que la Force s’en mêlait ce n’était pas la joie, c’était du véritable, pas du demi-mot, pas du mensonge, dès que j’utilisais la Force, il y avait une catastrophe, à ce rythme infernal j’allais devenir une attraction comique pour tout le temple Jedi. Mais il fallait persévérer et ça je le savais. Il se trouvait, heureusement que je sois motivée et que je sois à peu près aussi tête de mule qu’un bantha bien décidé à ne pas bouger d’une place à l’ombre avec de l’herbe bien grasse à dévorer. Donc je n’allais pas abandonner, j’allais m’entrainer durement et je finirai par réussir, de toute façon je n’avais pas le choix, je ne me laissais pas le choix. Mais avant toute chose, m’éloigner du Tempe et de tout ce que je pouvais détruite et éventuellement tous ceux que je pourrai blesser.

En plus de ça, un footing n’a jamais tué personne et le temps sur cette planète est presque toujours parfait. Le soleil n’est jamais trop chaud, la température jamais trop brulante, on ne se brule pas le corps et les poumons à faire des efforts en plein air, même intensifs et soutenus. On ne gèle pas sur place à peine un orteil dehors comme sur Arkania et pourtant la Force doit savoir que j’aime ma planète natale mais quand même, c’est beaucoup plus agréable ici. Entre les forêts, les grandes plaines, les lacs, le soleil toujours agréable, l’herbe douce sous les pieds et les fleurs qui poussent, c’est un endroit si calme et en paix, je comprends pourquoi les Jedi ont choisis de s’y installer, ça n’a rien d’un mystère quand on voit cette magnificence et qu’on sent ce calme si parfait qui habite la planète. Enfin, du moment que vous n’êtes pas à un endroit où je m’exerce à la Force, vous trouverez du calme, autrement vous aurez de quoi rire à gorge déployé, donc je m’éloigne pour ne pas faire rire tout le monde en me ridiculisant. Et aussi pour ne blesser personne. Maître Glitterind m’a donnée des tenues plus Jedi que celle que je portais habituellement, je pouvais comprendre sa décision cela dit. C’est donc dans une tenue de sport assez classique que je commence un footing qui me mène plus loin dans les plaines de la planète, comme toujours j’ai laissé un holo-message à Maître Glitterind pour le cas où elle aurait besoin de moi. C’est un réflexe d’une vie passée que je laissais derrière moi pour devenir Jedi. Et finalement je m’installe dans la plaine. En tailleur, les yeux fermés, j’inspire profondément, j’expire et je tâche de me concentrer autant que faire se peut. D’abord se détendre, prendre son temps pour apprendre à bien faire, ne pas se presser, ne pas perdre patience. Avec un peu de patience et en restant concentrée, je parviens finalement à faire léviter plusieurs objets autours de moi, des cailloux, des fleurs, mon sabre-laser, finalement ce n’est pas si mal. Mais maintenant vient l’étape délicate, reposer tout ça au sol en douceur. Je m’applique, concentrée complètement sur les objets que j’ai soulevé et c’est victorieuse que j’ouvre les yeux quand tout est revenu au sol en douceur ! Tout ? Non il y a « quelque chose » qui lévitait encore, en l’occurrence ma personne. Pas assez haut pour me faire vraiment mal, mais assez pour que mes fesses me fassent sentir qu’elles n’aiment absolument pas ce genre de traitement. Je pousse un long soupir, comment pouvais-je ne même pas réaliser qu’en plus des objets que je soulevais, je me soulevais aussi moi ? Comment vouliez-vous réussir quelque chose dans ces conditions ? Bon ce n’était pas si mal et puis le soir tombait, temps de rentrer. Le chemin retour est lui aussi en petite foulée, ça fait du bien, ça me vide l’esprit de ma semi-réussite, notez que je tente de positiver en disant réussite pas échec. Arrivée, je croise deux jeunes Jedi, des padawan également, d’une quinzaine d’années qui s’amusait visiblement à regarder dans la salle d’entrainement :

« C’est si amusant que ça ? »
« Avec un sabre-laser, oui, elle est amusante. »
« Et bien sûr, vous n’avez rien de mieux à faire que vous moquer ? »

Bénéfice de mon « âge » je prends un air sévère et voit les deux jeunes qui décident finalement de partir. Curieuse, je jette un oeil dans la salle, une jeune Padawan est en train de s’échauffer, sans adversaire visiblement, enfin sans doute un droïde d’entrainement. En tout cas, si elle est assez douée pour amuser les autres avec un sabre-laser, je l’étais assez pour le faire avec la Force, c’était stupide mais ça me donnait envie de voir de quoi il retournait. Après tout j’étais échauffée non ? Entrant dans la salle, j’attrape un sabre d’entrainement et offre un sourire à la demoiselle qui s’échauffait :

« Bonsoir ! Un duel d’entrainement ça vous tenterait ? Je n’aime pas vraiment me battre contre les droïdes d’entrainement. »

Invité

Silence. La salle était silencieuse pour le moment, bientôt elle serait emplie de rires, je le sais déjà, à peine j'ai enclenché le système d'activation des drones. Je commencerais par un seul, logiquement à mon niveau, et si tout se passe bien, j'en mettrais un autre. Les drones, je peux gérer à deux ennemis, mais les humains non, je ne sais pas pourquoi. Un seul me donne déjà tellement de mal ! Je ne perds pas tout le temps... mais presque depuis mon adhésion aux rangs des padawans. Pourtant j'ai tout sauf envie de faire honte à mon nouveau Maître. Non, je dois progresser. Et pour cela endurer les moqueries des autres et ma propre faiblesse en escrime et en combat solitaire en général. Parce qu'il ne faut pas croire, en équipe je peux être d'une aide profitable si je suis concentrée, comme l'élément de surprise que l'on n'attend jamais là et quand il vient vous attaquer. Ma rapidité, mon agilité et mon esquive viennent alors pallier à mon manque cruel de force physique, d'endurance et de résistance aux chocs. J'ai alors le temps d'écouter avec plus d'attention les murmures de la Force, et agir ainsi mieux en conséquence. Je repose beaucoup sur mes sens et sur la Force pour améliorer mes réflexes, mais au bout d'un moment, même la Force, mon ouïe et le reste finissent par lâcher à cause de mon manque cruel d'endurance. Fragile, subtile et délicate comme une rose, mais attention, quand j'y arrive je peux très bien sortir mes piquants !

Oui, je sais, je sais qu'il y en a certains qui sont plus doués que d'autres au maniement du sabre-laser, qui deviennent alors souvent les Maitre d'Armes ou Jedi sentinelles je crois. Il y en a des seconds plus polyvalents qui deviennent les Jedi Gardiens, et la troisième catégorie - la mienne je crois - qui peuvent se diriger vers la voie des Jedi Consulaires, les plus sensibles aux subtilités de la Force. Oui, je le sais, je l'ai déjà lu dans un holo-livre et entendu de la bouche des enseignants les plus encourageants, et aussi récemment de celle de Maitre Greystone. Mais quand même... j'aimerais avoir quelque chose pour savoir manier mieux mon sabre-laser, pour ne pas risquer de blesser mes alliés en ne sachant pas me défendre correctement et en ne sachant que esquiver, fuir et essayer d'attaquer furtivement, par surprise. Au moins me débrouiller sur les bases, ce serait déjà tellement bien... une bien grande chose de gagnée, si j'y parvenais un jour !

Pour le moment, il faut que je me concentre, que j'oublie les échos des gloussements déjà trop proches à mon goût du lieu où je me trouve. Oublie les, Lenia, fais abstraction d'eux, ne te concentre que sur ta cible rendue invisible par le casque spécifique que je porte sur moi, qui m'enlève le sens de la vue. Maintenant, je suis seule avec moi-même... et le droïde ennemi, bien entendu. Concentration, écoute la Force avec attention, fies toi à ton ouïe et autres sens que tu as à ta disposition... ce genre de discours, je le connais par coeur à force de me l'être répété en long et en travers. Il faut que j'oublie que je me suis rendue ridicule tout à l'heure en classe d'EPS, ou l'équivalent pour les Jedi de ce que les "normaux" appellent Education Physique et Sportive. Mais en dix fois, que dis-je cent, que dis-je mille fois pire plutôt ! J'ai à peine réussi à me traîner pour faire le minimum syndical pour mon niveau, en sueur, blanche comme la lueur centrale de tout sabre-laser allumé, aussi rouge aux joues que celle extérieure d'une lame Sith. Joli tableau, n'est ce pas ? Et ajoutez à cela les rires de mes pairs, enfin de certains d'entre eux. Par la Force...

Je ne vais quand même pas continuer sur le chemin de l'humiliation, si ? NON ! Signal. Vrombissement différent de la sphère. Elle a dû se mettre en mouvement. Elle va venir attaquer. Elle tourne autour de moi. Se fige. Elle doit viser. J'ai encore trois secondes devant moi avant qu'elle ne tire son satané rayon d'entraînement qui fait déjà assez bien mal comme cela, même s'il ne blesse pas ! Concentration... Un, deux... je me décale sur la gauche alors que le laser me frôle mais à distance raisonnable. Sourire léger aux lèvres. Contre un drone, je n'ai pas peur, j'ai confiance. Les drones, c'est facile. Les êtres vivants Jedi, c'est difficile. Concentration, ne pas rester immobile, sinon cible facile pour l'ennemi. Dans le meilleur des cas, ne pas tourner le dos à la cible. Se fier à l'ouïe en ce but, à la Force aussi qui m'avertit du danger. Un, deux... nouvelle esquive de ma part, plus aisée. Plus le temps passe, plus j'oublie les rires à venir de mes camarades, alors que danse dans la nuit opaque et sombre de mes prunelles d'azur entravées par le cache ma lame laser du bleu d'un saphir. Elle danse, je l'imagine, comme un feu follet laser aux flammes bleutées, qui repousse inlassablement les lasers qui me menaceraient. Je n'ai pas peur. Il faut que je joue, que je laisse durer, que je savoure ce trop bref instant de maîtrise qui sera brisé au prochain cours d'escrime, où mon adversaire ne sera pas une boule de duracier, de composants et d'intelligence artificielle toute relative. Non, je perdrais contre un être de chair et d'os.... alors je ne perdrais pas contre une stupide machine !

Je continue d'esquiver inlassablement, comme un grain de sable, comme une goutte d'eau, comme une brise de vent qui échapperait sans cesse aux mains qui essayeraient de l'attraper, de la rendre prisonnière, de la malmener. Le laser est cette main, la pluie de laser sont ces mains. Je suis la goutte, je suis le grain, je suis la brise qui doit leur échapper à défaut de pouvoir leur faire du mal. Ne pas les laisser me faire du mal à moi. Je danse sur une musique inaudible, je danse sur la mélodie que me souffle la Force. Je danse en une folle esquive, j'attends. J'attends, j'observe, j'écoute, j'analyse, je conclues, je décide. Parce que je suis aussi faible qu'un souffle de vent, aussi fragile que le roseau. J'endure la tempête, ou je l'évite plus tôt, et j'attends l'accalmie, l'ouverture, pour frapper dans le centre de calme. Dans 90% des cas, l'ennemi me sous-estime, fait une erreur, me donne une ouverture. Et ce qui est vrai avec les vivants l'est encore plus avec ce genre de machines sans âme. Trop prévisible pour mon style de combat. Même les yeux fermés, je l'entends, je la sens venir. Je sens ses laser me frôler, je perçois les moments où elle me frôle dans ses déplacements. Trop prévisible, elle me donne pas la difficulté attendue d'une personne vivante et pensante. Je ne progresserais pas, il me faut prendre le risque de deux drones si personne ne veut s’entraîner avec moi, au risque de me prendre une raclée. Je veux aller plus loin. Je dois aller plus loin. Je veux y croire... même si je ne combats pas du tout avec le même type de sabre-laser que le mien, je dois faire avec un basique...

Je sens la poignée non- incurvée du sabre-laser d'entraînement contre ma paume, ma main tendue légèrement tremblante, nerveuse. Plus le combat dure, moins la sphère devient idiote et plus le challenge devient intéressant. Oublie le temps d'un éphémère instant que tu es faible au sabre, dans un vrai combat d'escrime. Oublie que tu te feras ridiculiser demain, moi qui n'est pas encore, moi qui est en devenir. Alors que ces mauvaises pensées viennent brouiller ma connexion avec la Force, je commence à faire des erreurs, qui me déstabilisent, je dois en finir. Un choc de laser dans l'épaule pour me rappeler à l'ordre. Aie ! Je me crispe en entendant les moqueries. Ah oui ? Si seulement je n'étais pas aussi gentille et que je me retiens de vous balancer par la Force un drone inactif... ne pas me laisser aller à la colère, ni à la frustration, elles ne me mèneront nulle part. Ne pas utiliser la Force au delà de la pure détection, ce n'est pas du jeu sinon. Mon escrime, pas la Maîtrise de la Force, est en jeu ici. Ce serait trop facile sinon. J'aime me compliquer la tâche, si c'est dans l'espoir de progresser. Un bond. Angle mort de la sphère. Pas le temps de réagir. Parade avec mon sabre-laser, déflexion manuelle du tir laser contre moi. Série de bips plaintifs, puis désactivation. Pourtant, j'ai encore de l'énergie à revendre ! Et les droïdes, ça ennuie à la longue en plus...
J'ôte lentement mon casque, percevant à nouveau des voix, plus ou moins connues dont une très peu connue :

« C’est si amusant que ça ? »
« Avec un sabre-laser, oui, elle est amusante. »

Je soupire légèrement. C'est du trop connu, ce genre de remarques déplaisante, mais je ne me laisse pas trop affecter, gardant un visage calme. Si je suis entourée par quelques immatures, je dois doublement me faire un devoir de me comporter en jeune femme mature, pour respecter les quelques personnes se comportant normalement parmi mes pairs. Sans daigner leur prêter attention, à ces pipelettes, je repose mon casque sur le banc, mon sabre désactivé depuis un moment, et range le drone à sa place quand j'entends une réponse qui se dégage de l'ordinaire mesquin et attise mon attention bienveillante cette fois :

« Et bien sûr, vous n’avez rien de mieux à faire que vous moquer ? »

Ouah. Quelqu'un d'intelligent pour changer ma journée ! Oh Force, merci de prendre pitié de ton humble disciple ! La voix semble être celle d'une jeune femme mature, légèrement plus âgée que moi vu sa tonalité. Une voix que je ne connais pas. Et oui, je repose beaucoup sur mon ouïe, bien qu'ayant une excellente mémoire en général, photographique, visuelle, tactile et le tout... mais aussi et surtout auditive. Le peu de souvenirs de mon passé reposent sur des éléments recueillis par mon audition. Agréablement surprise, je me tourne vers la porte de la salle, avant de voir une grande silhouette en tenue de sport des padawans apparaître et s'approcher de moi. Ouah. Quelqu'un qui actuellement vient vers moi, avec un sabre-laser d'entrainement en main. Elle est un peu plus âgée en effet, et plus solidement bâtie que moi. Mais l'aura qu'elle dégage dans la Force n'est pas désagréable pour autant, à la différence des pies bavardes, femelles comme mâles, de tout à l'heure.

« Bonsoir ! Un duel d’entrainement ça vous tenterait ? Je n’aime pas vraiment me battre contre les droïdes d’entrainement. »

Elle me... vouvoie ? C'est original, je n'ai guère l'habitude. D'ordinaire, c'est plutôt moi qui vouvoie mes aînées et aînés, pas l'inverse... quoiqu'il en soit, son sourire plein de défi me rend plein d'énergie à dépenser, il est contagieux. J'offre une ombre de sourire à mon tour, hochant la tête à l'affirmative tout en resserrant ma prise sur le sabre laser d'entraînement que j'empruntais à la place du mien. Mes yeux bleus pétillent de l'éclat du challenger face au champion. Défi impossible, je le sens bien. Je sais que je vais perdre au final. Mais bon, ce n'est plus si grave que cela sur le moment. Le défi impossible m'attire bien. Je peux y apprendre beaucoup, je le sens déjà. Même si je perds, je serais une "noble looser". Une noble perdante. J'ai rien à y perdre - je suis déjà au fond du gouffre à mes yeux pessimistes et peu confiants en leur propriétaire dans le domaine - et beaucoup à y gagner. Jamais une défaite assurée ne m'a parue aussi plaisante. Je sens que je peux peut-être trouver ce que je cherche depuis un moment. Ma voix est douce, calme et posée :

- "Bonsoir à vous aussi ! Veuillez me pardonner de ma précédente surprise, je ne suis guère habituée à recevoir pareilles invitations de mes pairs. Ma réputation au sabre me joue de bien vilains tours. Mais je serais ravie d'y répondre. J'espère juste de ne pas trop vous ennuyer au cours du duel..."

Néanmoins, pour appuyer mes propos et montrer ma motivation, je recule de quelques pas, jusqu'à la distance réglementaire de duels. Je m'incline légèrement, suivant le protocole et par respect aussi. J'allume la lame effectivement bleue du sabre emprunté, avant de me positionner dans la posture neutre-défensive typique du combat Jedi. Je ne l'ai encore jamais affrontée, je ne sais pas comment me comporter avec elle, et elle non plus. Parfaites inconnues, promesse d'un duel intéressant, même pour moi. Va-t-elle répondre à mon invitation, en retour de la sienne ?

Invité

J'étais là pour apprendre et je le savais, mais même puisque c'était le cas, j'avais beaucoup de mal à accepter le fait de ne pas réussir ce que j'entreprenais. J'avais été habituée, du moins j'avais toujours eu pour habitude, de parvenir à mes fins d'une façon plutôt assez brillante, j'avais pour habitude de réussir, de voir mes entrainements porter ses fruits de façon efficace. Hélas ça n'était pas le cas avec la Force, je ne voyais presque aucune amélioration, pas le plus petit signe, un petit chouïa, un début de quelque chose, non rien de rien, j'avais parfois même l'impression que ça empirait. Quand je regardais les plus jeunes padawans, âgés d'une quinzaine d'années en général, qui déplaçaient sans sembler faire d'efforts réels des objets que je ne parvenais qu'à soulever au prix d'une grande concentration, je prenais mesure de mon retard. Pourquoi le Conseil avait-il accepté de me former alors que j'avais de telles lacunes ? J'avais la bonne volonté d'apprendre, de m'entrainer, de devenir plus forte et plus capable aussi rapidement et efficacement que possible mais ça ne marchait pas pour l'heure. Heureusement qu'il y avait le sabre-laser et les épreuves d'aptitudes physiques parce que sinon je serai vraiment au niveau du zéro absolu, je ferai rire tout le temps et tout le monde. En attendant, la Force pouvait bien se préparer car qu'importe combien ridicule elle me ferait apparaitre, qu'importe les humiliations, j'allais réussir, d'une façon ou d'une autre, je la dompterai, je l'amadouerai et si je n'y parviens pas, je copinerai avec elle pour réussir à arriver à la maitriser un tant soit peu. J'étais déterminée plus que jamais, j'avais pour la toute première fois de mon existence, des gens qui voulaient m'aider non pas parce que mon père les payaient grassement mais bien parce qu'ils étaient là pour cela et qu'ils prenaient du plaisir à m'aider, me conseiller et me former. C'était une aventure nouvelle, une sensation inhabituelle mais c'était agréable, sentir que quelqu'un veut vraiment vous aider par bonté, par sympathique et par générosité, c'était différent de ceux qui vous forment pour l'argent ou, comme ce fut le cas dans les dernières années où j'étais une jeune femme, pour parfois me peloter à la faveur d'un exercice. Ca n'était arrivé que trois fois, la première j'avais pris cela pour une maladresse en posant ses mains, la seconde avait valu un avertissement verbal et ce regard froid et meurtrier que je sais avoir, la troisième fut reçue par un violent coup de bâton arkanien qui mit mon professeur KO en un coup. Puis ensuite les suivants firent attention d'où leurs mains se posaient. Enfin bref, aujourd'hui la question n'était plus là, j'étais bien entourée par des gens volontaires et cela ne me motivait que d'avantage encore.

Je m'entraine dans les plaines pour ne pas continuer mes catastrophes destructrices en intérieur, ma chambre ressemble déjà plus à une ville après un bombardement qu'à une chambre. Pas faute pourtant d'être ordonnée et de ranger soigneusement mais mon lit est en pente depuis que les deux pieds au niveau de la tête ont cassé la dernière fois que je l'ai fais léviter. Ma lampe de chevet s'est cassée contre la table de chevet elle-même cassée par la même chute. Et bien sûr il y avait eu l'aventure dans les jardins du Temple où j'avais, involontairement soulignons-le, envoyés plusieurs cailloux droit vers une Maître Jedi par chance assez sympathique pour ne pas prendre la mouche. Alors je m'entrainais en plein air, loin de tout et loin de tous, comme ça pas de cailloux dans le thé d'une Maître Jedi, pas de destruction massive de mobilier, indéniablement ça valait beaucoup mieux. Ca ne m'empêchait apparemment pas de réussir à me faire mal mais que voulez-vous, quand vous ne réalisez même pas que vous vous faisiez léviter vous-même, vous méritiez amplement de tomber sur vos fesses et vous faire mal. C'était une bonne façon d'apprendre qu'il faut toujours être attentive à tout et pas juste à certaines choses. C'était mon plus grand défaut sans doute quand j'utilisais la Force, soit mon attention était portée sur tout sauf ce que je devais faire et forcément ça virait à la catastrophe ambulante. Soit mon attention était focalisée totalement sur ce que je devais faire et j'étais alors dans une abstraction complète d'absolument tout le reste. En somme je n'étais jamais attentive à la façon des Jedi, à tout ce qui m'entoure mais toujours seulement à une partie de ce qui m'entourait et contre cela, je devis trouver des astuces. Ce n'était pourtant pas évident de faire léviter un rocher, du moins pas pour moi, alors comment le faire en plus en restant attentive aux autres objets qui m'entourent ? Non définitivement, je n'y arrivais pas mais il allait bien le falloir ! Pourtant quand j'avais un sabre à la main, j'étais attentive à mon adversaire et absolument tout le reste, en combat j'étais attentive à absolument tout exactement de la façon dont je devrai l'être quand j'utilise la Force. Et finalement, les fesses endolories et tâchant de positiver avec ma réussite, je reprends la direction du Temple, assez de ridicule pour aujourd'hui, demain sera encore une bonne occasion de se ridiculiser.

Rentrant finalement au Temple, je tombe sur deux padawan d’environ seize ans qui semblent très amusés à regarder discrètement dans une salle d’entrainement. J’avoue imaginer un instant qu’ils étaient en train de regarder deux Maîtres Jedi s’entrainer avec une parfaite maîtrise du sabre-laser, mais apparemment ils ne font que rire d’une autre padawan. Je prends sa défense parce que d’une certaine façon je me sens un peu dans son cas, je suis plutôt du genre à faire rire quand j’utilise la Force alors qu’elle semble faire rire quand elle a un sabre-laser dans les mains. Chacun son truc hein ? Certains sont faits pour les sabres-lasers, d’autres pour la Force, c’est ainsi. Quoi qu’il en soit, je prends sa défense sans me faire prier pour décourager les deux padawan et les voir partir bien rapidement quand je prends un air un rien menaçant. Pourtant n’importe qui me connaissant un peu saurait que je ne suis pas une méchante, bien sûr j’ai une rivière de sang derrière moi, un sentir de mort et de destruction que j’avais crée mais je n’étais pas pour autant une méchante. J’avais juste été trop influençable, trop manipulable et on avait trop abusé de mes talents de tueuse. Mon père surtout en avait abusé. En tous les cas, je décide de voir si les moqueries de ces padawan sont justifiées ou non, pas que ça fasse une grande importante, aucune moquerie ne se justifie, nous sommes tous là pour apprendre parce que nous ne sommes pas parfaitement doués. Si nous étions tous doués pour la Force et le combat, pourquoi serions-nous padawan avec des Maîtres pour nous guider ? Je souris à sa surprise quand je lui propose un duel d’entrainement :

« Ne vous … t’en … vous en faites pas … Tu sais quoi ? On va se tutoyer, ça sera plus simple. »

Elle se met en position de défense à la distance habituelle avant un duel. A mon tour j’allume le sabre d’entrainement et me met en position de garde. J’avais des années de pratique depuis mes cinq ans avec une arme comme celle-là dans les mains. Je n’avais pas encore clairement déterminé vers quel forme je comptais me tourner, j’attendais l’avis de mon Maître même si mes capacités physiques et ma façon de combattre jusqu’à aujourd’hui me donnaient vraiment envie de me risquer à l’Ataru. En attendant, je ne voulais pas battre la padawan qui me faisait face mais voir comment elle s’en sortait. Aussi je restais dans une garde classique dans la forme la plus basique du combat au sabre-laser.

« Prête ? »

J’attends qu’elle acquiesce pour un premier assaut, rien de méchants, deux trois petites passes qu’elle peut aisément parer, de quoi se mettre en condition. Je choisis de garder la part de l’attaque pour le moment, accélérant lentement le rythme à chaque attaque. Elle est loin d’être malhabile autant que moi avec la Force. Et puis finalement je me recule un peu, adoptant à mon tour une position défensive pour la laisser attaquer. Nous étions pour l’heure à un round d’observation, voir comment l’autre se débrouillait. Les choses sérieuses viendraient ensuite.

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Mon passé... je ne m'en souviens pas. Cette partie de mon cerveau, celle que l'on dit consacrée à la mémoire très ancienne, est plus proche d'une coquille vide qu'un réel lieu de capacité mémoriel. Elle est sélective et me refuse l'accès à toutes les informations concernant ce qu'il s'est passé il y a onze ans maintenant sur Dantooine. Elle me refuse la connaissance de ce qui est arrivé aux miens, à mon frère aîné, à mes parents, ainsi que la raison pour laquelle ils m'ont laissée seule tout d"un coup. Qui sont-ils ? Pourquoi ne sont-ils plus là ? Je sais, un Jedi ne doit pas avoir d'attachement affectif de membres de la famille, du moins éviter le plus possible, car cela peut conduire à une extrême souffrance. Quand on décide de rejoindre l'Ordre Jedi, on renie ses attaches familiales, son rang social, pour "renaître" en quelque sorte au sein de la communauté des Jedi. Les comtes vont de pair avec les fermiers, tout se mélange et tout se confond pour constituer une seule et même entité dont le devoir est d'assurer la paix et la stabilité de la Force dans l'univers. Il m'est souvent arrivé de comparer l'Ordre à l'organisation d'une ruche, certes plus sophistiquée et complexe, dans le sens que nous sommes tous différents, mais nous remplissons des tâches bien précises dans un but commun à tous. Pas seulement par obligation mais aussi par choix. Un choix de vie que nous avons tous fait en venant au Temple, plus ou moins consciemment... car il est vrai qu'à cinq ans à peine il est difficile d'affirmer que j'ai fais un véritable choix. Disons que j'ai suivi, comme je continue de le faire, la Force et mon instinct.

Mais l'heure n'est pas à la réflexion purement métaphysique maintenant. Non, l'heure est au combat, au combat amical, d'entraînement. Quelqu'un me fait face, quelqu'un qui a eut la gentillesse de m'approcher, de m'inviter au combat. Quelqu'un que je ne connais pas bien, mais qui est de même rang que moi, bien que plus âgée. Une jeune femme dont la silhouette laisse échapper une profonde aura de puissance, à peine avait-elle prit un sabre-laser d'entrainement. Une aura d'assurance, de confiance, de force. Le genre d'aura que je ne dégage pas moi-même. Il faut pourtant que je prenne confiance en mes capacités, aussi maigres puissent-elles être en ledit domaine concerné. Je regarde calmement, sans animosité la jeune femme qui me fait face. Cheveux sombres, allure de quelqu'un d'expérimenté au combat. Assurément je vais me prendre une raclée si elle est sérieuse, mais peut-être va-t-elle accepter de me laisser "jouer" un peu avant de passer aux choses sérieuses ? Veut-elle me tester, voir si je suis aussi nulle que les autres le prétendent ? Très bien. Je lui montrerais les quelques trucs que je connais au sabre-laser. Qui ont fait que je n'ai pas été recalée toutes ces années durant, qui m'ont fait tout juste passer en escrime. Mais un jour, je progresserais. Un jour, je saurais au moins me défendre toute seule face à la plupart des situations, un jour je pourrais aider mon Maître ou mes autres coéquipiers de mission. Je veux y croire...

« Ne vous … t’en … vous en faites pas … Tu sais quoi ? On va se tutoyer, ça sera plus simple. »

Son sourire n'est pas désagréable, et encore moins moqueur. Il est sincère, j'apprécie. Mon jugement méfiant à son égard s'adoucit très légèrement. Avec une ombre de sourire, toujours en posture de défense-neutre, patiente, je lui souffle d'une voix douce et aussi posée que la brise d'un vent d'été, un très léger rire contenu entre mes lèvres timides :

- "Soit tutoyons nous en ce cas, nous sommes toutes les deux des padawans après tout ! Ce sera beaucoup plus simple en effet ! Je suis enchantée de pouvoir t'affronter en duel amical ! Merci de ta proposition, les drones sont en effet très ennuyeux. Je ferais alors de mon mieux pour que tu ne t'ennuies pas ! En garde !"

Par sympathie, elle ne se jette pas sur moi, dans l'esprit de l'échauffement. Arf, ce n'est pas dans mes habitudes cela... connaissant ma faiblesse, mes ennemis en général m'attaquent sans plus attendre. Là non, ce qui me laisse quelques secondes d'étonnement, avant que mes mains ne se resserrent sur la poignée du sabre-laser d'entraînement. Sabre bleu contre sabre vert, qui allait gagner ? Le vert, sans nul doute, puisque je manie le bleu... mais bon, cela n'enlève rien au plaisir de ferrailler un peu plus longtemps, même si une cuisante défaite est à prévoir si elle devient sérieuse tout de suite ! Forme toujours défensive-neutre pour moi. Pas celle offensive, elle ne correspond pas du tout à ma manière de combattre ! Là, cela faisait un peu comme un wookie contre un ewok, sauf que cela allait être le wookie qui allait gagner, dans le sens du fort contre le faible. L'ewok, c'est moi, vous l'auriez compris rapidement j'espère.

« Prête ? »
- Quand tu veux.

Fermement - bien que redoutant un peu le duel - j’acquiesce avec douceur de la tête, les yeux bleus vifs et déterminés. Pas moyen que je gagne, mais juste pour le plaisir de lutter au moins. Pas gagner, mais avoir participé, et donné tout ce que j'aurais pu. Une, deux, trois... j'attends, en position de défense, qu'elle vienne m'assaillir. Ah... pas aussi rude que je m'y attendais. Elle retient sa force, ses coups, je le sens. Elle me laisse la chance de pouvoir un peu parer avant d'avoir du mal quand nous passerons aux choses sérieuses. Elle est sacrément rapide quand même, mais elle ne fait pas de coups retords, elle reste dans le basique... merci ! On s'échauffe avant, on reste dans l'échange avant la confrontation. Reconnaissante, je me concentre et parvient à parer chacun de ses coups, parfois de justesse, mais rien ne me touche. Pas encore besoin de recourir à ma sainte esquive, on s'échauffe. Des fois mes défenses sont un peu justes, mais elles sont là au moins, je peux écouter la Force et mes sens. Je prends du plaisir à l'échauffement, ce qui n'arrive pas si souvent que cela. Je ne fais rien d'audacieux, je reste dans les règles de base de la parade. C'est déjà pas mal me demander, cela me prends pas mal d'efforts quand même !

Silence entre nous. Pas besoin de parler, les lames et les expressions du visage parleront pour nous. Silence pour mieux se concentrer, sinon le vrombissement des deux lames laser d'entraînement, bleue et verte. Au bout d'un moment, nous reculons dans un commun accord muet, le temps de changer de posture. Vient la partie moins sympa pour moi, l'attaque dans mon camps. Elle prends une posture défensive, tandis que je me meus dans la position neutre-offensive du Jedi. Pas totalement offensive toutefois, je n'en suis pas encore là. Très loin même. Mes longs cheveux bruns étaient alors noués en un étroit chignon pour ne pas m'handicaper, comme en tout exercice physique ou d'escrime. Comment m'y prendre avec elle ? Restons simple pour le moment. Je fais d'abord une charge aisée à parer, n'ayant guère de force physique, avant de tomber rapidement dans les bottes, les échanges encore gentils au sabre. Elle se retient, je m'efforce de laisser le moins d'ouvertures possibles. Puis sans prévenir je recule précipitamment et je me mets en mouvement, l'encerclant. Je ne me sers pas encore de la Force. Puis je l'attaque de nouveau, faisant mine de charger sans prévenir, j'ai vu une ouverture, je crois. Je vais la prendre. Mais au dernier moment je change la direction de ma lame-laser pour attaquer son épaule. Je ne me fais pas d'illusions, je sais qu'elle va parer sans trop de mal. Nos niveaux ne sont pas comparables, j'ai l'impression d'être une écuyère face à une guerrière accomplie. Mais je veux apprendre. Et je sais qu'avec un bon ou une bonne partenaire, il est plus probable que j'y parvienne, à m'améliorer un peu. Mais nous sommes encore à l'échauffement, elle me le fera sentir quand elle voudra que l'on change le tempo. Repoussée, je recule avant de repartir à l'attaque, faisant de mon mieux, sans jamais réussir. Je n'ai jamais été du type strictement offensif, plus défensif, évasif ou sur la réplique. A un moment je recule de nouveau à une distance correcte, toujours en position neutre. J'attends de voir ce qu'elle veut faire. Question muette qui attendra sans doute une réponse tout aussi silencieuse. Mais pour la première fois, je prends actuellement du plaisir à manier le sabre. Et j'ai envie qu'elle ne s'ennuie pas trop non plus. En remerciement de l'invitation et de ce moment précieux pour moi.

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Quelque part, je dois bien avouer me reconnaitre dans la padawan, surtout pour ce qui est des moqueries. Bien sûr ici ce sont des moqueries d'enfants, ça reste stupide et complètement gratuit, mais mon père, mes entraineurs, toutes les personnes qui m'avaient formées, qui avaient faits de moi celle que j'étais, ils avaient tous été bien pires. Ils me rabrouaient plus bas que terre, m'humiliaient, me faisaient craquer sous les insultes, les injures et les mots douloureux et honteux. Alors en un sens, je savais ce qu'elle ressentait, je savais ce que ça faisait, ne pas être la plus douée, avoir les autres qui se moquent de vos faiblesses. Même ici, j'étais loin d'être un modèle avec la Force, au contraire j'aurais sans doute beaucoup à apprendre de cette padawan qu'une infime partie de moi avait envie de jalouser. Si seulement mon père m'avait laissée partir, peut-être aurais-je été bien mieux formée à la Force que je ne le serai sans doute jamais désormais. Sans doute ne serai-je pas la blague cosmique la plus délirante de la galaxie chaque fois que je veux simplement soulever un ridicule petit caillou. Les choses avaient été autrement, je me faisais une raison, j'apprendrai à maîtriser la Force a une échelle moindre que les autres Jedi, je compenserai en maniant le sabre-laser du mieux que je pourrai. Ma voie était tracée, ça serait la voie des armes, celle du sabre-laser, c'était évident que ça devait devenir ma voie, mais en Jedi que je devais être, que je voulais devenir, j'étais consciente qu'une maîtrise de la Force sera nécessaire. Alors comme cette padawan qui fait des efforts supplémentaires pour manier le sabre-laser, j'en fais pour manier la Force avec plus de dextérité. Comme je sais apprécier qu'on me vienne en aide et en conseils, je décide de faire la même chose pour elle, je ne suis pas Chevalier ou Maître Jedi, mais je crois que l'entraide est bien une qualité nécessaire et inhérente à l'Ordre Jedi. Alors je le fais, de toute façon, un conseil est toujours bon à prendre et si son Maître désapprouve ce que je lui montrerai peut-être, alors il lui fera savoir et sûrement à moi aussi. J'avais toujours appris à rester sagement à ma place, me faire remettre en ordre une fois de plus ne serait qu'une formalité, si ça me permettait d'aider cette jeune femme alors c'était tant mieux et si c'était vain, alors au moins j'aurais fais un effort pour aider quelqu'un et cela me contentera. Les lauriers et remerciements ne m'ont jamais attiré de toute façon, mis à part la reconnaissance de mon père je n'ai jamais rien voulu et aujourd'hui je savais que plus jamais je ne l'aurai et que jamais je n'aurais dû la vouloir dans un premier temps.

« Ne t'inquiète pas pour moi. C'est toujours un plaisir de pouvoir m'entrainer dans un duel amical et je ne m'ennuie jamais dans ces moments-là, alors ne t'inquiète pas. Et puis sinon je suis une grande fille, j'assume. Mais je ne suis pas soucieuse, je ne vais pas m'ennuyer, j'en suis certaine. »

Evidemment si ça avait été un vrai combat, je n'aurai guère attendu plus longtemps pour passer de suite à l'attaque mais nous étions en entrainement et encore à l'échauffement, alors prendre son temps n'allait pas nous tuer. Je commence par allumer mon sabre que je découvre vert ce qui fait apparaitre un sourire cynique sur mon visage, la couleur des consulaires pour moi, encore une blague de la Force ?Je ne sais pas trop, en tout cas, elle adopte une posture défensive, ce n'est pas vraiment ce que je préfère les postures défensives, j'ai toujours cru en la défense par l'attaque. J'imagine que mes années derrière moi à me battre ont aidé à cela, et je pouvais comprendre qu'elle choisisse la défensive car nous ne nous connaissions pas plus en dehors que pendant un duel. Quand à dire que c'était un affrontement entre un ewok et un wookie, je dois dire que je ne sous-estimerai jamais l'ewok, il suffisait de regarder les Jedi, certains étaient petits, frêles, semblaient si fragiles qu'un coup de vent les casseraient en deux, mais une fois leur sabre-laser allumé, ils vous mettent à genoux en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Elle se dit finalement prête et je lui adresse un ultime sourire avant de devenir sérieuse. Je l'étais toujours en entrainement, c'était le moment où on apprenait, où on évoluait, celui où il était plus important que tout d'être parfaitement sérieux. Et même par simple respect pour elle, c'était bien le minimum.

Je la sens un peu tendue sur son arme, aussi je préfère entamer avec douceur, pas une lenteur qui serait moquerie mais avec douceur, pour la mettre en confiance, lui permettre de prendre un peu d'assurance dans ses mouvements et dans sa garde. Mes assauts sont mesurés, loin d'être violents ou emportés, je suis consciente que cet entrainement est plus pour elle que pour moi et quelque part ce rôle me plait. Je ne voudrai pas devenir professeur des arts martiaux Jedi, bien que ça serait un honneur, je ne prétendrai pas non plus en être capable, mais pouvoir aider quelqu'un d'autre, c'était ce que j'avais promis de vouloir faire en rejoignant l'Ordre et pouvoir le faire était une chance que je savourais. Comment réagirait-elle cette petite demoiselle si elle apprenait mon passé de mort et de sang ? Comment réagirait-elle si je lui disais que ceux qui m'avaient connue étaient pour la majorité mort de mes mains ? Que se passerait-il dans sa tête si elle savait qu'une partie de moi était colère et envie de vengeance ? Bien que je voulais faire disparaitre cette part de moi, elle semblait toujours trouver un refuge, un second souffle et elle restait, elle ne s'éteignait pas, c'était encore bien trop tôt. Mais cet entrainement me fait oublier tout ça, me fait sentir meilleure que je n'ai été dans le passé, me fait sentir utile, me fait réaliser que c'était ça que je voulais, aider les autres. Qu'importe le moyen, qu'importe la raison, mais aider les autres, les mettre en confiance, les guider, je voulais emprunter pleinement la voie du Jedi, avec mon âme, mon corps et mon coeur totalement dévoués à la tâche. Les rôles finalement s'inversent, reculant d'un petit pas tandis qu'elle fait de même, je choisis une attitude défensive, lui laissant dorénavant l'attaque. Je n'ai pas vraiment compris les railleries des autres padawan, elle est loin d'être catastrophique, au contraire, elle se défend même habilement ! Certes ce n'est pas parfait mais je n'ai pas la prétention que ma maîtrise le soit et puis elle n'avait pas eu ma vie baignée d'armes dès la naissance et s'en sortait plutôt bien à mon sens. Même ses attaques étaient organisées, pas puissantes, c'était un entrainement mais je notais qu'elle n'était pas désorganisée, elle réfléchissait ses mouvements à l'avance, une grande qualité en combat, au moins autant que savoir improviser quand tout va mal dans les plans prévus. A nouveau nous nous reculons, nous regardant dans les yeux, je la sens bien plus à l'aise qu'avant et ça me fait plaisir de constater cela, elle semble avoir plus d'assurance, elle n'en progressera que plus rapidement.

Reprenant une pose plus offensive, j'évalue mes méthodes habituelles. Celle de laisser l'adversaire se déconcentrer en le laissant prendre un avantage trop évidemment mais elle n'attaquerait pas assez et ne se laisserait pas prendre à ce piège idiot, ça ça marchait avec les arrogants et les idiots. La méthode rapide, celle qui consiste à finir le combat aussi vite que possible mais avec ma puissance physique face à la sienne j'avais peur que ça soit trop violent et inutile, elle n'apprendrait rien qu'elle ne sache déjà. Il y avait aussi ma méthode préférée, celle de l'épuisement, faire durer le combat avec un engagement aussi intensif que possible, possédant une excellente condition physique je pouvais tenir longtemps avec énormément d'engagements et quand avec l'épuisement mon adversaire multipliait les erreurs, je prenais l'avantage seulement là aussi ça ne me semblait pas constructif. Non ce dont elle avait besoin c'était d'un vrai duel, comme on en voit plus, un duel noble, avec de belles passes qu'elle pourrait voir, découvrir peut-être, apprendre à parer et même apprendre tout simplement. C'est donc pour ça que j'opte, un duel noble et honnête entre bretteuses. Je décide d’entamer avec une passe sans violence et ne visant qu'à désarmer l'adversaire. C'est une passe très vive car l'attaque suivante s'enchaine sans même vraiment que l'autre est déjà paré le coup précédent ce qui force l'adversaire à rester sur le qui-vive. Bien sûr je ne vais pas me lancer à pleine allure mais plus vite que précédemment.

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Nous ne nous connaissons pas. Du moins, pas personnellement. Peut-être l'ai-je déjà croisée au détour d'un couloir du Temple, au réfectoire ou en retournant à mon dortoir, mais jamais nous ne nous étions adressées la parole auparavant. Il faut dire que je ne suis pas vraiment du genre à m'empresser d'aller vers les autres pour bavarder. Non, je suis trop timide et trop réservée pour cela, bien que je puisse laisser les autres m'approcher, et en ce cas pouvoir me mêler à la conversation. Je ne sais pas pourquoi je me comporte ainsi, pas que je sois misanthrope, mais je pense que cela doit remonter aux années à l'Orphelinat et peut-être même avant. Nous ne nous connaissons pas, mais nous nous comprenons d'une certaine manière. Je peux le ressentir tant par la Force virevoltant gentiment autour de nous que par l'attitude de la jeune femme. Je n'en connais pas la raison - je n'aime pas trop utiliser mes dons pour épier les pensées des autres, par décence et principe - mais je le ressens quand même. Je sais ce qu'est l'entraide, même si je ne l'utilisais pas beaucoup, restes de mon mystérieux passé sur Dantooine et de l'attitude de certains de mes pairs novices puis padawans du Temple. Je ne les diabolise pas, j'essaye moi même de rire de mes erreurs, de mes chutes, mais au bout d'un moment, d'années, cela commence à devenir pesant quand même...

« Ne t'inquiète pas pour moi. C'est toujours un plaisir de pouvoir m'entrainer dans un duel amical et je ne m'ennuie jamais dans ces moments-là, alors ne t'inquiète pas. Et puis sinon je suis une grande fille, j'assume. Mais je ne suis pas soucieuse, je ne vais pas m'ennuyer, j'en suis certaine. »

C'est bien une des premières fois où j'ai entendu ce genre de paroles me concernant. Un... plaisir de croiser les lames-laser avec moi ? J'ai bien entendu ? D'ordinaire, mes adversaires pensent plutôt que c'est une perte de temps, et aussi un moyen qui offre tout sauf le progrès, plutôt la victoire facile et sans mérite. Je souris alors timidement à son égard, avec une ombre de reconnaissance en ce geste. Mon attitude reflète la pensée qui alors emplit mon esprit à l'instar d'une douce et chaleureuse brise de fin de journée sur Dantooine :

"J'espère pouvoir me montrer à la hauteur. Te rendre le plaisir, la politesse, un jour. Je vais ess... non, je vais faire de mon mieux. Après tout, cela reste un duel amical, non ? Alors je ne devrais pas avoir peur... plutôt avoir confiance en moi... mais ce n'est pas facile... non ! Je ne vais pas la décevoir, maintenant qu'elle a fait le premier pas !"

L'échauffement commence, supervisé par le Silence et la Concentration. Pas de public, personne ici pour se moquer de ma performance, ou plutôt de ma contre-performance habituelle. Je sais que je ne pourrais tenir guère longtemps le duel, je vais fatiguer très rapidement, je ne pense pas que ce sera le cas pour ma redoutable et bienveillante adversaire de duel. Nos Maitres respectifs ne sont pas présents, ce duel ne restent qu'entre nous, qu'entre pairs, qu'entre padawan d'âges relativement proches. Les deux lames bleue et verte, l'une du bleu du saphir et l'autre du vert de l'émeraude, dansent, se testent, s'interrogent avant de se séparer sur la mélodie du duel amical. La verte est sans doute plus agile, plus rapide, se contient, tandis que la bleue est plus maladroite, mais reste attentive, ne se laisse pas déborder et réfléchit avant d'agir. Déjà elle me donne un peu de fil à retordre, mais je tiens bon... du moins jusque là. J'admire son aisance, sa confiance en elle, sa puissance même si je sais qu'elle la bride pour ne pas me terminer trop vite. En cela, je lui suis reconnaissante. Je pense que je vais beaucoup apprendre ici, tant en technique d'escrime que des subtilités de la notion d'entraide entre camarades. Je le sens bien, son expérience, le fait qu'elle était d'un tout autre niveau, qu'elle retenait ses coups et se limitait à la base pour mon bien. Comme si elle voulait me dire "viens, viens danser, je ne vais pas t'achever, viens combattre". Les personnes comme elle ne se trouvent pas à tous les coins de rue, c'est moi qui vous le dit !

Mais alors que nous reculons, nous nous espaçons pour la troisième fois de cette rencontre, je vois, je sens que nous allons glisser doucement dans le vif du sujet. Je n'ai pas l'air de trop l'avoir déçue, peut-être s'attendait-elle à pire. J'ai de bons réflexes, mais ma technique et mes capacités physiques - endurance et force - sont médiocres, voire mauvaises. Je n'ai plus eu envie de réviser la techniques depuis le moment où j'ai enchaîné les défaites, découragée. Mes adversaires en général ne me laissaient guère de chance pour apprendre, allaient trop vite volontairement ou pas, et cela me laissait un arrière-goût du duel bien amer et désagréable de la défaite cuisante non constructive. En revanche, avec elle, cette padawan plus âgée et inconnue de moi, je n'ai pas du tout le même ressenti, il est beaucoup plus agréable. Même si c'est dur, elle prend le temps, elle monte progressivement la difficulté et moi j'essaye de suivre de mon mieux, autant que mes défauts me le permettaient. Certes, j'ai encore besoin de beaucoup de formation et d'entraînement, mais je me fais plaisir, ce qui me donne légèrement plus d'assurance et d'envie de me battre, non plus seulement que "fuir" le combat en attendant que la tempête passe après avoir tout ravagé sur son passage, dévastant les terres de mon estime personnelle et de ma confiance en moi, n'en laissant que des terres stériles.

Je note que son attitude change. Deuxième temps du combat. Je renforce ma posture neutre-défensive, aux aguets, prête à réagir... mais quelle rapidité, quelle vélocité ! En un éclair elle est sur moi. Et c'est un peu plus puissant aussi ! Tant bien que mal, je m'accroche, je me replie, je recule. Je ne pourrais pas tout parer, j'en suis consciente, mais il fallait que je tienne le plus longtemps possible. Quel est ce coup... une passe. Et elle n'est pas brutale, juste très rapide. Mes yeux ne suffisaient plus, mes oreilles non plus, il fallait que je me fie à la Force. Non, pas encore... il fallait que je dépende de moi-même d'abord. Ne brûlons pas mes forces tout de suite. Je ne peux pas esquiver, elle me "force" sans violence à combattre réellement, à apprendre à me défendre sans risquer que je me fasse trop de mal. Et même si c'est dur, je lui en suis reconnaissante. Mes gestes de parade sont encore très maladroits alors que j'essaye de suivre le rythme qu'elle a imposé. Je ne pourrais pas tenir longtemps, il fallait que je réagisse. Sachant que je n'ai pas la force nécessaire pour risquer de bloquer la lame et tenter un "bras de fer". Je n'ai pas l'expérience pour cela. Après avoir essayé vainement de lutter contre "le courant de coups", j'essaye d'accorder les mouvements de ma lame aux siens. Réfléchir, cela ne va pas encore trop vite. Je calcule mentalement l'intervalle entre les différents coups. J'encaisse du mieux que je peux, même si quelques coups me frôlent, provoquant de très légers coups sur mon épaule. Mais je suis déterminée, je n'abandonne pas, contrairement à d'habitude. Comment me sortir de là ? Bon, tant pis, cela allait faire un peu mal, mais... calculant le bon moment, je fais des efforts de tous les diables pour "bloquer" quelques secondes un coup, et le détourner en inclinant avec peine la mienne, le temps que je puisse m'échapper sur la gauche, à un mètre de mon assaillante, par une série de pas chassés. Un coup sur l'avant bras, mais au moins ça s'est arrêté ou elle a arrêté. Faisant de mon mieux pour ne pas trop gâcher de temps, je reprends mon souffle. Elle ne va pas attendre longtemps non plus, il faut que j'essaye. Je me remet en mouvement pour essayer d'attaquer cette fois sa hanche. Mais pas d'illusion à se faire, je vais être bloquée sans mal, je sais...

Invité

Les Jedi normalement n’ont pas un esprit de compétition quand il s’agit de s’entrainer, mais comment peut-on espérer que ça ne soit pas un minimum le cas entre les padawan ? Certains apprennent plus vite que d’autres c’est ainsi que va le monde, contre certaines injustices on ne peut rien faire. Parfois pourtant la compétition est bonne et constructive, si vous savez apprendre de vos défaites, si vous avez la possibilité de le faire, mais hélas entre padawan la disparité de niveau qui peut s’afficher est trop forte. Quelques passes me suffisent à comprendre qu’à combat réel, elle serait submergée en quelques secondes, je pourrai sans doute la battre avec une aisance désarmante mais pourquoi le ferai-je ? Parce que je peux le faire ? Ca serait stupide et inutile, j’avais proposé de s’entrainer pas de la ridiculiser, d’autant que si déjà les autres riaient d’elle, alors ça ne ferait qu’appuyer son malêtre. Je regrettais souvent que les gens ne se rendent pas compte que leurs mots sont parfois plus douloureux que les mots qu’ils peuvent infliger. Je comprends cette padawan parce que sa détresse sabre-laser à la main est mon exact détresse quand j’utilise la Force. Elle ne tiendrait pas longtemps en duel singulier face à moi, je ne tiendrai pas longtemps en duel à la Force face à elle. Peut-être lui proposerai-je un duel basé uniquement sur notre maîtrise de la Force, ça lui fera sans doute du bien de voir que si je suis douée sabre à la main, j’étais loin de pouvoir l’égaler avec la Force. Tout dépendrait de cet entrainement mais jusque là je ne pense que du bien d’elle. Je l’ai obligée à commencer en prenant la défense, subissant mes attaques qu’elle part et même quand je sens qu’elle doute de pouvoir continuer, elle fait l’effort qu’il faut pour ne pas baisser les bras, courageuse et déterminée, c’est ce qu’il faut pour évoluer. Je la sens volontaire pour devenir plus forte, pour apprendre, devenir plus douée. Par beaucoup de points nous nous ressemblons, peut-être est-ce pour ça que j’apprécie sa présence ou alors simplement parce que pour une fois je peux aider quelqu’un et que je me rends compte que j’adore cela, allez savoir.

Lorsqu’elle doit finalement attaquer, je réalise vite que ce n’est pas vraiment dans son habitude, je sais que certains Jedi préfèrent les formes défensives au sabre-laser. Je ne comprends pas vraiment ce choix, comment peut-on espérer qu’un combat se termine si l’on ne fait jamais que se défendre ? En plus de ça, on multipliait les risques et chances de se faire tuer. Pourtant je savais que sabre à la main je serai incapable de rivaliser avec maître Glitterind qui, pourtant, m’avait confessée préférer une victoire en attaquant un duel sur la défensive. Mais l’heure n’était pas franchement à penser à ce genre de choses et puis même si un jour j’égalais ma Maître au sabre-laser, je ne l’égalerai sans doute jamais dans la Force en plus de ça, elle était ma Maître, elle était forcément plus douée et ayant beaucoup de choses à m’apprendre. Alors ce petit duel, je le prenais au sérieux, par respect pour mon adversaire ce qui était malheureusement une valeur qui avait trop tendance à se perdre. Pourtant respecter son adversaire était une base, j’étais plus forte qu’elle mais ce n’était pas pour autant que je devais la prendre de haut, au contraire. D’ailleurs le combat s’apprête à évoluer vers un véritable duel, le vrai combat si l’on peut dire, un affrontement avec moins de retenue même si évidemment je ne me jetterai pas dedans à corps perdu. Je devais lui permettre d’apprendre, de voir des gestes et d’apprendre à les parer, pas simplement de la vaincre, ça n’aurait aucun intérêt. Je veux lui apporter quelque chose que peut-être ses camarades habituels ne lui apportent pas.

Finalement avec plus d’engagement je me lance, peut-être même un peu trop rapidement pour elle d’ailleurs. Moi qui ne voulait pas aller trop vite et la faire se sentir ridicule c’est un peu raté même si je dois bien avouer que je la vois tenir le choc et que ça me fait vraiment plaisir. Elle se défend comme elle peut, avec les moyens à sa disposition, elle est loin d’être maladroite pour se défendre, c’est parfois hésitant et malhabile mais en combat à mort, vous vous fichez si le mouvement qui va vous éviter un coup mortel est beau ou parfaitement réalisé. Je la sens parfois un peu dépassée mais elle finit par reprendre le dessus, je garde ce rythme sans plus l’accélérer pour lui permettre de s’habituer un peu à mes attaques. Et finalement c’est même un sourire qui nait sur mes lèvres, bien que je lui cache, quand je réalise qu’elle commence doucement à penser à attaquer puisqu’elle cherche un moyen de le faire. Elle s’échappe à une attaque et décide de passer à l’offensive, je pare sa lame in extremis pour la voir revenir à l’assaut, décidée cette fois d’attaquer ma hanche. Son attaque manque un peu d’ambition et de conviction comme si elle se retenait, avait-elle peur de me faire mal ? D’un geste souple et plus puissant que les précédents je frappe sa lame pour l’écarter de sa trajectoire et pour que son bras suive la même direction. Sans lui laisser le luxe de réagir à ce mouvement, ma lame tape doucement son poignet pour la faire lâcher son arme, avant que je vienne laisser ma lame juste à quelques millimètres de sa gorge. Je l’éteins, ramassant son arme d’entrainement que je lui tends avec un sourire :

« Tu es loin d’être mauvaise ou ennuyeuse tu sais ? Tu manques peut-être un peu d’entrainement mais ça viendra avec le temps. J’ai appris à me battre depuis mes quatre ans, ça fait une différence. »

Lui rendant son sabre d’entrainement, je rallume le mien, me mettant à nouveau en position de garder :

« J’aimerai que tu te battes vraiment. N’aies pas peur de me faire mal, je suis sûre que tu es capable d’encore un peu mieux que ce que tu m’as montrée. »

Prenant un air bien plus sérieux, plus sombre, peut-être un peu pour l’intimidée, je rajoute encore sans en croire un mot pourtant :

« Et si tu ne veux pas, tant pis pour toi. »

Ma voix pourtant ne vacille pas même si je n’ai aucune envie de lui faire mal. Sans attente supplémentaire, mes deux mains se joignent sur mon sabre-laser pour un coup assez puissant, pas au maximum de ce que je peux faire mais qui lui donnera un peu de mal à parer. Ensuite je prévois d’attaquer en ouvrant volontairement beaucoup ma garde, pour qu’elle voit où elle peut m’attaquer et si possible réussir à me désarmer et me vaincre.

Invité

L'esprit de compétition reste présent chez les initiés, et entre padawans encore. Et ce depuis des temps immémoriaux, même lors de l'Ancien Ordre et au-delà encore. Même si cet esprit ne devrait pas être là, il restait fort. Et il le reste. Car, de l'initié au novice, chaque enfant a envie de faire mieux que son voisin pour être remarqué. Pour défendre son droit à réaliser ses rêves, pour défendre sa place au sein de l'Ordre. Pour ne pas être de ceux, qui avant, étaient envoyés aux tâches mineures dans la République, du genre les Agri-corps, car personne des Maitres n'avaient voulu ou put les prendre sous leur aile comme padawan. Et même si maintenant cette règle terrifiante de devoir être prit avant la douzième ou la treizième année était abolie, heureusement pour moi, cet esprit de compétition demeurait encore. A son paroxysme au tournoi des initiés, et à celui des padawans. Car n'est plus le soucis de se faire prendre, mais celui de faire honneur aux enseignements du Maitre Jedi qui a eut la gentillesse de nous remarquer. Et certains, un peu frustrés de la difficulté de saisir la Force, se vengent sur le travail du sabre-laser et parfois leurs pauvres camarades moins bon, voire mauvais en ce domaine. Moi en l’occurrence, j'ai bien connu cela. C'est pourquoi je suis si soulagée quand je tombe sur quelqu'un qui ne pense pas ainsi. Sur quelqu'un qui ne reste que sur la sphère de l'entraide, de l'entraînement. Comme aujourd'hui.

L'expérience est dure, mais profitable. Je n'en donne pas l'air, mais j'observe ses mouvements avec attention, j'essaye de les mémoriser autant que je peux pour travailler dessus plus tard, en cours ou quand je serais seule, ou supervisée par Maitre Greystone. Je sens que je peux avoir beaucoup à apprendre d'elle, alors je suis attentive et je m'accroche, je serre les dents quand le sabre adverse me touche mais je réplique de mon mieux presque aussitôt. Je me défends, mais elle n'est pas à son maximum et la différence de niveaux se sent quand même assez bien. Mais je n'abandonne pas, contrairement à d'habitude, non, je la respecte en me battant jusqu'au bout, avec le peu que je connais comme technique et limitée par mes propres défauts au combat, assez nombreux à mes yeux. Je n'ai pas confiance en moi, j'hésite, ma lame perd de la puissance et de la conviction et du coup mon adversaire pare aisément, avec une facilité déconcertante ma tentative pitoyable d'attaque. Lame repoussée, et avant que je ne puisse bien le réaliser, je tombe au sol, sabre-laser éteint loin de moi, et la lueur verte de celui adverse contre mon cou. J'ai du mal à respirer, tendue sur le moment, des gouttes de sueur sur mon visage. Je savais que cela terminerait ainsi, je le savais...

« Tu es loin d’être mauvaise ou ennuyeuse tu sais ? Tu manques peut-être un peu d’entrainement mais ça viendra avec le temps. J’ai appris à me battre depuis mes quatre ans, ça fait une différence. »

La lame verte s'efface doucement avant de s'éteindre complètement, et je reste stupéfiée par ses paroles, si bien que je me redresse très lentement. Gênée mais faisant tout pour ne pas le montrer - des yeux un peu fuyants et une infime rougeur aux joues me trahissent cependant - je réponds avec modestie, admirative de sa propre maîtrise :

- Je... je te remercie. Ce n'est pas souvent que j'entends ce genre de choses. Tu es vraiment très douée, j'ai senti que tu retenais tes coups, et vraiment sympa de me laisser ma chance sans m'achever dès le début. C'est rare comme attitude. Ça ce voit que tu as été à rude école, je suis impressionnée !

Puis par réflexe je rattrape ce qui m'est lançé, avant de découvrir qu'il s'agit nul autre que le sabre d'entraînement que j'ai emprunté pour mon duel contre le drone et contre cette mystérieuse padawan plus âgée. Un regard interrogateur dans mes prunelles d'azur, je retourne mon regard vers elle. Je m'attends à ce que le match soit fini avec cette cuisante défaite de ma part - usitée que je suis à un tel comportement de certains de mes pairs - je n'ai même pas l'idée d'une revanche possible.

« J’aimerai que tu te battes vraiment. N’aies pas peur de me faire mal, je suis sûre que tu es capable d’encore un peu mieux que ce que tu m’as montrée. »

Ah, elle... elle l'avait senti ça aussi ? Que je n'ai pas confiance en moi, que je n'ai pas envie de risquer de blesser, que je ne me crois pas capable de toucher l'adversaire, si bien que je me retiens inconsciemment depuis de si longues années. Elle l'a senti que je n'utilisais pas mes pleines capacités, que je n'écoutais pas la voix de la Force, me fiant pour une fois à ma seule intuition toute relative et à mes seuls sens ? Je doute un peu sur ses dernières paroles, et bien que touchée des rares compliments, je réponds doucement, sabre-laser toujours désactivé, m'apprêtant à aller le ranger sur l'un des râteliers de la salle :

- Je... je ne crois pas que j'arriverais à faire mieux, tu sais. Mieux que ce que je n'ai fais avec toi. Puis même si je voulais faire mal, je ne crois pas que j'y parviendrais, car il faudrait déjà... que j'arrive à toucher mon adversaire, et pas seulement à éviter les coups adverses... mais tu sais, j'ai déjà beaucoup apprit de cet échange, et je n'ai...

Je me rends compte alors qu'elle s'est remit en position de duel. De vrai duel, neutre-offensive si je ne me trompe pas. Sa voix et sa présence se font tout d'un coup plus intimidante, ce qui me donne des frissons dans le dos et reculer légèrement alors qu'elle reprend la parole :

« Et si tu ne veux pas, tant pis pour toi. »

Mature, mais encore un peu naïve; je frissonne à l'idée qu'elle puisse peut-être réellement penser ces mots. J'ai un peu peur sur le moment, ne sachant que faire. Une chose est sûre, je ne pouvais risquer de lui tourner le dos. Est-elle vraiment sérieuse ? Pourtant... ses deux mains se serrent sur la poignée de son sabre-laser d'entraînement. Oh ho. Elle va poursuivre le combat. Dans sa posture, tout indique qu'elle va esquisser une puissante attaque directe. Attends.... je n'ai pas le temps d'esquisser le moindre son de protestation qu'elle bondit en ma direction. Par réflexe, j'analyse avec l'aide de la Force, me sentant menacée sur le moment, glissant dans un "état second" de réflexion. Chance de parer avec succès : 05%. Donc ce n'est pas une option. En ce cas... prenons les 90% restants...

Sans plus réfléchir, n'ayant pas le temps d'allumer son sabre-laser, j'utilise inconsciemment ma vitesse pour esquiver assez habilement l'attaque puissante, mais franche et pouvant être anticipée. Je me glisse sur la droite, me laissant porter par mes propres intuitions et la voix de la Force, et je me rends compte que je file droit vers un coin de la salle. Être acculée, ce n'est pas une bonne idée. Il faut que je réagisse. Utilisant ma souplesse, je me plie pour esquiver une deuxième attaque, effectuer une roulade en arrière, me redresser immédiatement en allumant mon sabre-laser d'une main, et bondir vers une ouverture disponible. Sur le moment, je ne réfléchis pas si elle me l'a laissée volontairement ou pas. Je suis sa demande : combattre sérieusement. Utilisant ma vitesse, je fais mine d'attaquer son épaule, comme tout à l'heure, sauf que je vire par une flexion du poignet la direction de ma lame droit vers sa poitrine ouverte. J'ai une idée derrière la tête, qui a besoin de deux étapes pour tenter de la mettre en position de reddition. La faire reculer, la forcer au déséquilibre en essayant d'appliquer une des passes que j'ai endurer tout à l'heure, de mon mieux. Sans forcément frapper avec puissance, mais rapidement pour ne pas lui laisser le temps de réagir. Et dès qu'une "erreur" verrait le jour, aller directement vers le déséquilibre, avec une pression supplémentaire sur un seul coup, essayer de détourner sa lame un instant pour filer sur le cou. Essayer du moins.

Invité

Et j’avais pensé chaque mot que j’avais dis. Elle n’avait pas ma force physique, elle n’avait pas ma technique mais elle n’était pas si mauvaise que les deux padawan semblaient vouloir le faire croire un peu plus tôt. Au contraire elle avait de la technique et de l’entrainement, elle devait simplement continuer de s’entrainer, prendre confiance en elle et ne pas hésiter à se battre vraiment. Mais ce n’est pas toujours facile de le faire quand on dit que c’est un entrainement parce que ça se passe toujours avec des personnes qu’on connait ou du moins des gens qu’on ne veut pas blesser. Alors on retient ses coups et on hésite, pour ça au moins mes anciens professeurs m’avaient bien rodée, quand un combat commence avec un coup de pied à vous décrocher la mâchoire, vous comprenez qu’il n’a d’amical ou d’entrainement que le nom.

« Ne me remercie pas, on est tous là pour apprendre après tout. Ca m’avancerait à rien de te battre bêtement et méchamment, si à dire que je l’ai fais, mais toi tu n’apprendrais rien. Comme tu l’as dis j’ai été à rude école et ça fait longtemps que je pratique. »

Inutile j’imagine de lui préciser que le sabre simple n’est ni l’arme que je préfère, ni celle avec laquelle je suis la plus douée. Ma préférence se porte encore et toujours sur les armes à deux côtés, les double-lames comme on les appelle couramment. Je devrai peut-être parler avec Maître Glitterind pour voir s’il m’était possible de m’orienter dans la voie de ces sabre-laser là même si je sais qu’il est assez rare de voir des Jedi s’y former. Cela dit, ça ne coutait rien de demander et Maître Glitterind était une maître particulièrement à l’écoute, elle écouterait ce que je dirai et sans doute me dirait pourquoi elle est d’accord ou non. J’aimerai vraiment être plus douée dans la Force pour ne pas sans cesse sembler être un gag galactique à chaque entrainement que nous réalisons. Par chance elle ne m’avait pas encore trop vue me ridiculiser mais j’imagine que ça ne saurait tardé, je n’y couperai pas éternellement et je le savais. C’est pour ça que je m’entrainais même si chaque fois j’avais vraiment le sentiment que c’était vain et inutile.

En attendant pour l’heure, ce n’est pas de moi qu’il est question mais bel et bien de la padawan en face de moi, cet entrainement était pour elle, pour lui permettre de prendre un peu d’assurance avec un sabre-laser à la main car elle semblait cruellement en manquer. C’était l’effet malheureux de s’entendre dire qu’on est nulle et très amusante à regarder quand on manie quelque chose, je savais parfaitement ce que ça faisait. Et plus la confiance manquait et plus on se retenait et plus ça devenait compliqué de réussir. Ce sont ses mots qui me décident à ne pas lui laisser le choix quand à la suite des évènements. Elle m’explique déjà qu’elle n’arrivera pas à faire mieux que ce qu’elle a fait. Ses mots ressemblent bien plus à une suite d’excuses qui visent à éviter une confrontation où elle devrait s’engager vraiment. Je ne compte pas lui faire du mal, ni même lui faire du mal, ce n’est pas le but. Je veux simplement voir ce qu’elle donne quand elle se donne véritablement dans un duel. Je veux la voir se battre véritablement, sans hésiter et sans craindre de me faire, j’aurais connu bien pire que ce qu’elle pourrait me faire, elle n’avait pas à craindre de me faire mal, je savais encaisser et j’avais vécu pire que les décharges des sabres d’entrainement quand ils entrent en contact avec la peau.

En position d’attaque, intention ferme d’attaquer et de faire montre de violence affichée, je prends mon sabre à deux mains, prête à l’attaquer avec nouveau mais cette fois avec beaucoup moins de retenue. Je ne lui laisse pas le temps de se mettre en position, je n’attends pas qu’elle réplique quelque chose pour tenter de se dérober à cet entrainement, je me lance à l’attaque avec moins de retenue qu’avant pour la faire réagir, la forcer à prendre son arme et se battre vraiment. Je me lance donc, sans lui laisser le temps de réfléchir, de réagir ou même de chercher une excuse, avec plus de violence et de détermination, la pousser à se défendre, la pousser à réagir. Ca ne tarde pas, elle choisit de se dérober à ma première attaque puis la seconde que j’enchaine sans lui laisser la moindre seconde pour réagir. A nouveau elle esquive, allumant cette fois son arme pour se mettre en position d’attaque ce qui a le don de me faire sourire un instant. Elle semble elle aussi plus sérieuse, beaucoup plus présente dans le combat, visiblement pas à l’aise avec mes attaques devenues soudainement si déterminées, c’est bien elle va réagir et attaquer vraiment dorénavant, c’est exactement ce qu’il fallait.

Elle attaque rapidement, utilisant ce que j’ai fais avant, changer d’attaque avant même que je n’ai vraiment paré son coup. Je laisse des ouvertures pour lui permettre d’attaquer et finalement elle se lance vraiment avec moins de retenue, elle semble craindre beaucoup moins de me faire mal et ce n’en est que mieux. Je me recule pour éviter le coup au niveau de ma poitrine et revenir l’attaquer presque dans l’instant. Je lui laisse quelques ouvertures et elle en saisit rapidement une, repoussant ma lame comme je lui ai appris, son prochain coup est prévisible, viser mon cou. Un comportement d’esquive serait de plier mes genoux et l’attaquer à hauteur de hanche, avec l’attaque qu’elle réalise, il est peu probable qu’elle parvienne encore à esquiver mais elle s’est bien défendue, elle a saisis l’opportunité et s’est défendue vraiment, tout ce que j’attendais et espérais qu’elle fasse. Alors je prends le parti de ne pas me dérober. Pour autant, je prends le parti d’une petite attaque, sa lame touche mon cou, m’arrachant un rictus désagréable alors que ma lame touche sa hanche avec douceur. Je me recule, adoptant une posture plus défensive que précédemment :

« Pas mal du tout. Tu sais voir les ouvertures dans les gardes de ton adversaire, il ne te reste plus qu’à apprendre à les exploiter. Et ne pas avoir peur de les exploiter également. »

J’éteins mon arme et lui souris

Invité

« Ne me remercie pas, on est tous là pour apprendre après tout. Ca m’avancerait à rien de te battre bêtement et méchamment, si à dire que je l’ai fais, mais toi tu n’apprendrais rien. Comme tu l’as dis j’ai été à rude école et ça fait longtemps que je pratique. »

Apprendre ? Même pour apprendre des choses que je suis déjà censée connaître depuis un moment ? Elle pense différemment des autres, c'est assez étrange... la seule que j'eusse connue avec un discours proche, dans les rangs des padawans, n'est autre que ma meilleure amie depuis de longues années. Elle, je ne la connais pas. Je ne connais même pas son nom. Je n'ai pas souvenir de l'avoir vue dans mes tous débuts au Temple, quand j'y suis arrivée il y a dix ans maintenant. Même si j'étais alors fort jeune, encore sous le choc de ce passé que j'ai oublié malgré moi, et pas très sociale, j'aurais reconnu sa présence. Sa voix. Mais non, et cela ne rendait que plus certain, appréciable, le plaisir de la découverte, de la rencontre dans tous les sens du terme. Une rencontre sociale, une rencontre pour croiser le fer, une rencontre de personnalité pour une timide comme moi... réservée, je n'insiste pas davantage à poser des questions, offrant seulement une ombre de sourire alors que j'éteins mon sabre-laser, enfin celui entre mes mains, celui d'entraînement :

- Si seulement certaines personnes de ma connaissance pouvaient penser comme toi, sans doute aurais-je pris plus goût à l'art du maniement du sabre-laser. Mais bon... je ne suis pas très douée non plus, mon physique ne m'aide pas vraiment pour ce genre d'exercices !

Je l'envie, en un certain sens. Elle semble si forte, dégager une telle aura de confiance, et de puissance... pas autant que celle de mon Maitre, mais quand même, j'en ai rarement vu, ressenti de telles au sein de mes pairs. Mes yeux bleutés l'observent avec un grand calme et une certaine curiosité. Même si je ne puis dire que je sois experte en la matière, cela se voit, tant dans ses yeux que sa présence dans la Force, qu'elle a une grande expérience derrière elle. Je sais que je suis plutôt vouée à probablement suivre la voie de la Force, des Jedis Consulaires, au vu de mes préférences et de mes talents. La voie du sabre-laser ne sera très probablement pas la mienne, mais je me cherche encore. Je ne sais pas encore vers où me diriger. Je n'ai même pas encore de style propre, je me cherche encore, et ce depuis des années...

Le duel, un peu malgré moi, reprend de plus belle, et j'essaye de tenir bon face à ses assauts, mais plus concentrée et sérieuse qu'avant. J'ose alors me servir de ma connexion proche avec la Force pour écouter ses conseils et ses avertissements surtout pour décider de mes gestes en conséquence, ce qui me rend plus vive et plus attentive. Ne pouvant avoir la force de la guerrière, je me dois devenir une ombre insaisissable qui frappe sans prévenir et à la vitesse du vent en furie. Essayer du moins, du haut de ma taille moyenne, de mon physique frêle et de mon manque maladif d'assurance. Elle me laisse volontairement des ouvertures, vu son niveau, si elle avait voulu me coller une raclée, elle aurait très bien pu le faire quand elle le voulait, même dès les premières minutes de duel. Pour ne pas l'affliger, je décide de rentrer finalement dans le duel, de me mettre enfin à attaquer du mieux que je le pouvais. Imagine que ce n'est pas elle. Non, ce n'est pas une pair padawan, très douée certes. Non, imagine que c'est un des mystérieux responsables des émeutes de ta planète qui t'ont enlevé ta famille, ce que tes maigres brides de souvenirs semblent évoquer de ces temps là. Imagine que c'est un ennemi, sans visage, que tu dois mettre à terre, que tu n'as pas le choix. Auto persuasion, des fois ça marche. On oublie souvent le pouvoir de l'imagination, hélas...

Son sourire me rassure. Elle prend quand même du plaisir dans l'échange, et plus je me libère de la pure défense pour glisser dans un style évasif-offensif, plus cela semble la satisfaire, et donc me satisfaire aussi. J'aime faire plaisir à mon entourage, à ceux qui se donnent du mal pour essayer de m'aider, leur rendre la pareille. Je prends actuellement plaisir à cette danse moins normée des lames, plus libre, plus intense aussi que celle que j'ai contre les drones. J'apprends, donc je suis heureuse, même si je sais que je perdrais en situation réelle. Dès qu'une ouverture se présente, je me jette dessus, et m'acharne pour une fois à essayer de répliquer les gestes qu'elle avait utilisé contre moi au début. Moins bien certes, bien moins bien, mais je m'y efforce de mon mieux. Je sens la sueur parcourir mon corps, je sens mes muscles se tendre sous l'effet de la fatigue, mon attention décliner. Je ne suis pas endurante, je ne le serais sans doute jamais. Je suis fragile, sans doute le resterais-je un peu. J'ai été bâtie comme cela, il faut bien que je fasse avec. Je n'ai guère le choix...

Un coup dans le cou pour elle, un petit coup dans la hanche pour moi au final. Aïe ! Cela ne fait pas de bien du tout ! Grimaçant, serrant ma mâchoire, je recule par réflexe, sabre-laser dans une main, l'autre frôlant la zone touchée. Ce n'était pas avec de vrais sabres, heureusement, mais les contusions qui remplaçaient les brûlures des réels nous rappellent combien cette arme est dangereuse. Elle peut se faire arme de mort, donc ne pas la prendre à la légère. Elle rappelle que dans le besoin, le Jedi n'est pas seulement diplomate, négociateur, mais aussi un guerrier. Comme ce que j'ai cru comprendre de la bouche de mon nouveau Maitre...

« Pas mal du tout. Tu sais voir les ouvertures dans les gardes de ton adversaire, il ne te reste plus qu’à apprendre à les exploiter. Et ne pas avoir peur de les exploiter également. »

Je lui esquisse une ombre de sourire tout en désactivant pour de bon le sabre-laser d'entraînement éteint, le rangeant en utilisant mes pouvoirs de la Force là où je l'avais pris, dans l'un des râteliers, tout en m'effondrant sur les bancs disponibles sur les côtés. Je ne me sens pas en état de faire un deuxième duel, mes jambes ne me porteraient plus et mes bras sont si lourds... j'essaye de reprendre une respiration normale, l'écoutant, puis épongeant mon front avec la serviette que j'avais apportée. Enfin j'ose ensuite reprendre timidement la parole, tout en lui tendant une bouteille d'eau que j'avais laissée près de mes affaires :

- Je te remercie. Tu sais faire de bonnes critiques, constructives ! Grâce à toi, je pense voir un peu mieux ce que j'ai à travailler. Je ne veux pas décevoir mon nouveau Maitre... je ne suis padawan que depuis peu, tu sais... mais toi tu es redoutable en tout cas ! Tu en veux ?

J'admet qu'elle a grimpé dans mon estime du statut purement "neutre-méfiant" à "neutre-cordial", ce qui était déjà pas mal de ma part suite à une première rencontre. Lui laissant si elle voulait de la place sur le banc, je reprends une fois que mon souffle s'est calmé d'une voix douce et empreinte de curiosité bienveillante, m'inclinant légèrement par politesse et respect :

- Je suis Lenia Séry, tu peux m'appeler Lenia, cela fait trop formel sinon et j'ai l'impression d'avoir fait une bêtise et que je vais être grondée ! Et toi ? Je peux connaître ton nom, si tu le veux bien, bien entendu ?

Invité

S’entrainer est toujours et encore, depuis la nuit des temps, le seul moyen de parvenir à devenir plus doué et cela peu importe ce qu’on voulait faire. Les pilotes s’entrainent des heures à piloter chaque jour, celui qui veut utiliser un blaster s’entraine au tir aussi régulièrement que possible, celui qui veut apprendre le sabre-laser en prend un et s’entraine, quand à moi qui veut utiliser la Force mieux que je ne le fais actuellement, j’ai l’impression que cent ans d’entrainement ne m’aideraient pas. Je ne suis pas défaitiste, même plutôt optimiste en général, c’est juste que je dois bien avouer que j’ai du mal avec la Force, énormément de mal en réalité. Pour toutes les utilisations purement physiques, je le faisais en cas d’urgence pendant les combats, les sauts de Force, la vitesse, la force, tout cela me venait en cas de besoin d’une façon naturelle. Mais utiliser la Force pour faire bouger des objets finissaient toujours par être catastrophique, utiliser la poussée de Force devenait dramatique quand je voulais juste reculer un peu mon lit et que celui-ci heurtait violemment le mur de la chambre. Non je n’étais pas douée pour la Force, ce n’était pas mon domaine de prédilection, je le savais et c’est pour cela que je focalisais mes efforts sur son apprentissage, même si ça n’était pas une réussite et que parfois abandonner simplement semblait beaucoup plus simple et tentant. Mais j’étais têtue, déterminée et obstinée, alors je n’abandonnais pas à cause de quelques difficultés et je continuais de m’entrainer encore et toujours à utiliser la Force même pour des résultats si infimes que j’avais l’impression de faire du sur place. Et puis ça ne faisait que trois semaines, je devais me laisser le temps d’évoluer et d’apprendre, tout ne venait pas en quelques instants, c’était ainsi qu’allait le monde, la patience est une vertu.

Pourtant on aimerait tous apprendre rapidement et vite, progresser et surtout voir ses progrès dès les premiers essais. Mais ce n’était pas franchement le cas, alors de la même façon que cette jeune padawan tentait de devenir plus douée avec un sabre-laser, je tentais d’apprendre à me servir de la Force mieux que je ne le faisais. Nous avions visiblement les mêmes difficultés l’une et ‘lautre, du moins nous nous confrontions toutes deux à nos propres limites. Ses limites étaient physiques et seul l’entrainement lui permettrait de les dépasser et de progresser. Mes limites étaient un manque d’entrainement par le passé, parfois je pense un manque de foi dans la Force et ses capacités, je n’avais peut-être pas assez vu ses usages et surtout le fait qu’avec assez de volonté, elle n’avait quasiment aucune limite. J’étais peut-être trop âgée, peut-être trop sceptique pour vraiment comprendre et réaliser ce dont la Force était capable, mon imagination limitée par mon âge qui m’empêchait de croire qu’elle pouvait tout faire. Peut-être était-ce pour ça que j’avais tellement de mal à l’utiliser, parce qu’une petite partie de moi avait du mal à croire ce que j’entendais parfois sur la toute-puissance de la Force. Je ne sais pas vraiment ce qui me limitait mais j’allais devoir le trouver, l’identifier pour parvenir ensuite à le canaliser, le changer, m’adapter et parvenir à beaucoup mieux m’en sortir. Je ne pourrai pas rester Jedi sans un minimum de maitrise de la Force et j’en étais consciente, c’était un mal nécessaire. Non ce n’était pas du tout un mal, c’était une nécessité, un pré-requis, les plus jeunes du Temple avaient six ou sept ans et s’entrainaient déjà à l’utiliser, j’avais autant d’années de retard que de lacunes à combler dans ma maitrise de la Force. Parfois j’aimerai simplement m’assoir avec les tous jeunes pour écouter les conseils de leurs maîtres. Mais vous m’imagineriez assise au milieu d’un groupe d’enfant pour écouter les mêmes conseils que eux ? Ca serait sans doute intelligent car j’apprendrai les bases que je n’ai pas, mais ils ne comprendraient pas pourquoi une grande est assise au milieu d’eux pour ces conseils. Et même les Maîtres risqueraient de trouver ça pour le moins dérangeant. Peut-être fallait-il que j’arrête de vouloir m’entrainer bêtement et méchamment et que je plonge mon nez dans des livres, des méthodes pour apprendre, des basiques qu’on doit sans doute conseiller aux plus jeunes qui ont du mal à s’en sortir. Oui ça serait sans doute une meilleure solution.

J’en viens à regretter d’ailleurs que mon duel avec la jeune padawan prenne fin, mais son endurance semble doucement atteindre ses limites et le but n’est pas de la faire s’effondrer d’épuisement. Et puis elle se défend comme elle peut avec ce qu’elle a, sans faillir pour parer et esquiver mes attaques, prenant même l’offensive en jouant des ouvertures sur ma garde que je lui laisse. Elle se lance finalement dans un coup rapide et précis, sa lame vient toucher mon cou quand la mienne touche sa hanche. Rictus de douleur pour l’une comme pour l’autre, ça ne sont pas de vrais sabre-laser évidemment mais la décharge reste douloureuse et terriblement désagréable, ce n’est pas le genre de choses qu’on subit par plaisir, mais c’est un bon moyen de se souvenir qu’en combat réel, j’aurais perdu la tête. La douleur est aussi un bon moyen d’apprendre, mon père l’avait compris et mon dos s’en souvenait parfaitement mais ça c’était une autre histoire. Pour l’heure, je me fais rassurante avec la padawan sur ses capacités, elle deviendra douée avec un peu d’entrainement, peut-être pas la plus grande bretteuse de l’Ordre, mais toutes les batailles ne se gagnent pas à la force des muscles, certaines se gagnent par la Force, la rue, la malice et d’autres voies qui seront peut-être celles dans lesquelles elle brillera bien au-delà des bretteurs ordinaires de l’Ordre Jedi. Ses remarques me font plaisir, c’est agréable d’aider quelqu’un même sans remerciements et d’en recevoir en plus c’est … agréable. Ce n’est pas le genre de choses dont j’ai l’habitude, ça fait bizarre, ça fait du bien.

« Non, merci, c’est gentil de proposer. Tu ne dois pas avoir peur de décevoir ton Maître, il est là pour t’aider à évoluer et apprendre, ce n’est pas pour rien qu’on dit un Maître après tout, pas vrai ? Et puis ne te fies pas aux apparences, je suis là depuis trois semaines. Je veux dire dans l’Ordre Jedi. Alors oui je suis douée avec une arme entre les mains, mais ma maitrise de la Force est à un niveau catastrophique, même les choses les plus simples me donnent énormément de mal et quand j’y arrive à peu près, ça finit toujours par provoquer une catastrophe. Chacun sont truc j’imagine. »

Je souris tout en l’entendant se présenter :

« Orélia Koxela, mais Orélia c’est parfait. Enchantée de faire ta connaissance Lenia. »

Invité

S'entraîner. Il n'y a que cela de vrai, et il y a que du bon à en récupérer. Certes, vous êtes fatigués, cela vous prend du temps, mais vous savez que chaque effort que vous produisez finira par être récompensé, tôt ou tard. C'est précisément quand on cesse de faire des efforts, quand on cesse de s'entraîner sérieusement, que l'on perds les acquis durement obtenus auparavant et que l'on régresse. L'entraînement est nécessaire, même dans les domaines où l'on rencontre des difficultés, temporaires ou persistantes. Je l'avais oublié, depuis ce triste jour où j'ai senti l'écart se creuser en ma défaveur vis à vis de mes camarades, que j'avais perdu l'envie de lutter jusqu'au bout, de me comporter en noble perdante, perdante mais cependant combattante. Jusque là, j'étais toujours celle en fuite, en de nombreux domaines. Tant sur la question de me connaître moi-même que dans la maîtrise du sabre-laser... qui requiert autant une bonne connaissance de soi-même que la confiance en soi, de l'assurance. Mais moi je doute toujours, et comme je doute, je fais toujours une fausse note sur la mélodie du duel quand je me retrouve face à un de mes pairs padawans. Je pense moins douter en situation réelle, mais j'ai encore peur, j'hésite, je n'ai pas confiance en moi. Je devrais pourtant...

Même les Jedi dits "Consulaires" doivent savoir se battre un minimum au sabre-laser. Sans être les exceptions du Temple, je sais qu'ils doivent savoir se défendre par eux-même, et qu'il faut chérir son sabre-laser autant que sa propre vie, puisqu'il peut alors devenir le vigilant gardien de notre propre existence en ce monde, comme l'ont souvent dit les instructeurs au Temple Jedi quand j'étais initiée puis novice. Je l'ai aussi souvent lu à travers les ouvrages concernant les plus grandes personnalités du Nouvel Ordre, Ancien Ordre et aux temps anciens aussi, et ceux touchant l'histoire plus générale de l'Ordre Jedi. Le sabre-laser doit au fil du temps devenir comme une extension de votre propre bras... pour moi je le sens encore comme un corps étranger avec lequel je dois difficilement m'accomoder. Même avec mon sabre-laser personnel, au manche incurvé et adapté à ma main, j'ai encore cette sensation dont je sais que je dois me défaire. Pourquoi ne puis-je pas progresser plus vite ? Il me semble encore loin, hélas, le jour où je pourrais aider efficacement mon Maitre dans ses missions... je suis exigeante avec moi-même, je n'aime pas rester sur un échec, sauf si cela concerne le maniement du sabre-laser. Je n'aime pas échouer, car alors je redoute l'abandon, le délaissement et le mauvais jugement, la déception... mais toutes ces peurs, au cours de ce duel vraiment amical, n'ont pas osé sortir de leur cachette pour venir me troubler. Non... étrange, vraiment...

« Non, merci, c’est gentil de proposer. Tu ne dois pas avoir peur de décevoir ton Maître, il est là pour t’aider à évoluer et apprendre, ce n’est pas pour rien qu’on dit un Maître après tout, pas vrai ?

Après une dernière gorgée d'eau pour le moment, je range soigneusement la bouteille contenant le précieux liquide dans mon sac de sport, tout en écoutant avec attention les sages paroles de la padawan plus âgée que moi. On sent tout de suite qu'elle est beaucoup plus mature, et étrangement expérimentée, rien qu'à écouter le son de sa voix et la manière dont elle présente la chose. Timide et douce comme d'ordinaire, je réponds sur une voix posée proche d'un murmure oublié de la brise légère :

- C'est vrai... il a été le premier des adultes à tendre une main vers moi, à me redonner de l'espoir. Cela ne fait que quelques jours que mon Maitre m'a prise sous son aile et... c'est ma manière de le remercier, d'être exigeante et de tout faire pour ne pas le décevoir...

J'avais été la première surprise qu'il me propose de devenir sa padawan. J'avais beaucoup entendu parler de lui. Et bien que je me méfiais des rumeurs comme de la peste, jamais je n'aurais pensé un seul instant qu'il aurait voulut de quelqu'un comme moi comme apprentie... c'était un vrai défi que nous nous étions lancés, très différents que nous étions ! Et pourtant, je voulais et je veux toujours y croire, qu'il va réussir... que nous allons tous deux réussir. Mais une chose est sûre : j'ai de l'admiration envers lui et je suis décidée à donner tout ce que j'ai pour lui faire honneur, faire honneur à son enseignement. Une ombre de sourire envers ma camarade, cordiale mais chaleureuse.

"Et puis ne te fies pas aux apparences, je suis là depuis trois semaines. Je veux dire dans l’Ordre Jedi. Alors oui je suis douée avec une arme entre les mains, mais ma maitrise de la Force est à un niveau catastrophique, même les choses les plus simples me donnent énormément de mal et quand j’y arrive à peu près, ça finit toujours par provoquer une catastrophe. Chacun son truc j’imagine. »

Je reste très surprise de ce qu'elle m'apprend, bien que je garde un visage calme et posé, mes yeux bleus me trahissent, une fois de plus. Elle est si douée et confiante qu'on ne le penserait vraiment pas... j'ai entendu des bruits sur ces cas de padawans âgés qui arrivent très tard au Temple et en général sont pris presque aussitôt par des Maitres compétents pour les guider. Des fois, ils peuvent devenir vraiment très bons, les exemples ne manquent pas dans l'Histoire des Jedi... mais alors pour savoir se battre aussi bien, elle avait du avoir une très dure vie, non ? Être à rude école ? Je n'insiste pas plus, ayant du tact, et je lui souris légèrement avant de reprendre puis en proposant :

- On ne dirait vraiment pas tu sais ! Moi... cela fait dix ans maintenant que je suis au Temple, j'ai été amenée très jeune... et c'est un foyer pour moi. En vérité je ne sais pas grand chose du lieu d'où je viens, je ne me souviens plus. Mais ce n'est pas important. En fait nous nous ressemblons un peu, tu ne trouves pas, si l'on renverse les talents ? Ah, j'ai une idée : si tu veux, si on a des temps libres en commun... je pourrais peut-être te rendre la pareille et te donner quelques modestes conseils pour les exercices de Force, c'est ma spécialité ! En échange... on pourra refaire un duel un jour ? Tu te bats très bien, et tu sais comment t'y prendre.. avec les cas comme moi. C'est un don bien rare...

Je lui offre un de mes rares sourires non neutres en l'entendant se présenter, ravie qu'elle me donne un peu de confiance et de considération en répondant à ma demande. Finalement, la journée s'est plutôt terminé sur une bonne note, pour une fois. Début catastrophique, mais fin agréable. Tout en attendant sa réponse, je me demande si je verrais mon Maitre. Ou quand est-ce qu'il rentrerais de sa dernière mission ? Il me tarde d'apprendre à mieux le connaître. Lui, et d'autres personnes comme Orélia, si rares en cet univers aux limites qui n'ont d'égales que l'éternité sans fin...

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S'entraîner, y a que du bon à en récupérer ! (pv Orélia)

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